Les menstruations de l’enfer…
Avoir ses règles, c’est naturel. Cela fait partie des cycles auxquels nous sommes confronté.e.s dans notre quotidien. C’est l’histoooooiiiiiiiiire de la viiiiiiiie ! Et chaque individu luttant contre sa « zone rouge », comme j’appelle intimement les menstruations, le vit différemment. Personnellement, ce n’est pas une histoire d’amour… mais PAS du tout… Entre douleurs et irrégularité, notre relation a toujours été conflictuelle. Pourtant, je ne perds pas espoir sur un avenir plus serein.
Notre rencontre
Notre première rencontre s’est faite un soir, alors que j’allais péniblement vers mes douze ans. D’abord une douleur au niveau de mon utérus, aiguë, que je n’avais jamais ressenti. Pourtant, instinctivement, je savais ce qui était en train de se passer. Alors que je n’avais jamais abordé le sujet avec une « grande » personne. Et là, assise sur la cuvette des toilettes, j’ai découvert mes premières menstruations avec un petit air interloqué. Bien entendu, j’ai vite pris les choses en mains et demander de l’aide à ma mère, qui m’a présenté les moyens de protection adéquate pour gérer ce flux. Face à ma douleur par contre, il n’y eut rien à faire.
Nos premières années, ensemble
Chaque cycle est devenu un enfer car mes menstruations étaient un peu comme moi, débarquant en fonction de leur humeur. Et Elles venaient toujours accompagnées de leurs BFF : hypotension, anémie, douleurs à vouloir s’arracher un organe. Passer trois jours dans son lit, sous la couette, en position fœtale, tous les mois, ça ne pouvait pas continuer ainsi. Alors direction chez la gynécologue, qui m’a prescrit ma première pilule. La seule solution viable pour gérer les problématiques que générait ce passage obligatoire… Et pour le mieux ! Car la souffrance a disparu ! Mais à quel prix…
La pilule et les effets sur les menstruations…
J’avais le contrôle sur mes règles ! Tous les 28 jours, mes menstruations arrivaient et repartaient, sans dire un seul mot. Mais… j’ai développé des migraines insoutenables… m’obligeant à rester 48h à 72h couchée, dans le noir, sans aucun moyen de les faire passer… Et mes humeurs… Mes émotions… Je pouvais devenir méga parano, taper des crises de jalousie intenses, me mettre à pleurer pour un rien, … . Et, à l’époque, je ne me posais pas de questions car ça me semblait normal. N-O-R-M-A-L… Alors que ça ne l’était pas ! Sauf que le manque d’éducation, à ce propos, ne m’a pas aidé et je m’en rends compte après des années de recul. La pilule est aussi devenue un moyen de contraception sur le long terme car j’étais en relation suivie et que je n’avais pas de désir d’avoir d’enfant.
Le temps des questions.
Il y a beaucoup de tabous en France et les menstruations en font partie ! D’autant plus dans le début des années 2000. A force, les langues se délient et les sujets sont abordés. Parfois timidement, parfois avec plus de conviction. Il y a une dizaine d’années, j’aborde avec un groupe d’amies la question de leur vécu sur leurs cycles menstruels. Et là, les réponses furent édifiantes : non seulement je n’étais pas la seule à souffrir autant sans avoir trouvé de vraies solutions, mais certaines ne rencontraient AUCUN désagrément… QUOI ??? Pardon ? Nous ne sommes pas toutes égales face à ce passage obligatoire et naturel du corps féminin ? En gros, c’est encore la roulette russe… Et le plus désespérant dans ce constat, ce n’est pas le groupe de femmes ayant un utérus et vivement sereinement leurs règles au quotidien, non… C’est l’autre catégorie qui douille chaque mois et qu’en 2023, aucune vraie solution ne soit encore viable sans devoir se bourrer d’hormones artificielles qui génèrent d’autres effets contraignants secondaires ! EN 2023 !
Une décision qui m’a fait du bien.
Puis en 2014, j’ai rencontré mon mari. Il est très vite devenu une relation stable et, à l’époque, je prenais encore une micro-pilule. Mais j’ai voulu en changer, pour ne plus avoir de règles tous les mois, en prenant des plaquettes en continu comme cela peut se faire. Donc rendez-vous chez une gynécologue pour lui expliquer ma situation, à savoir que j’avais l’intime conviction que mes migraines étaient hormonales, et que de ce fait, casser mes cycles naturels me semblait être une solution viable.
Au début, elle m’a écouté avec attention et m’a proposé de « tester » une autre méthode avant d’en venir à mes désirs. Moi, confiante face à une professionnelle du corps médical, je me suis laissée guider. Mais après trois tests de trois pilules différentes, j’ai dit « stop »… Ces changements m’avaient rendu malade. Nauséeuse, encore plus irritable, fatiguée. Et ma confiance en la profession a été piétinée avec mes espoirs de jours meilleurs. Alors, une autre idée m’est venue : l’arrêt de ces prises quotidiennes d’hormones.
Ce genre de décisions, tu ne les prends pas seule, surtout lorsqu’une autre personne peut en subir les conséquences. Comme une grossesse non désirée par exemple. J’en ai discuté avec mon partenaire et nous avons convenu que c’était pour le mieux car, lui-même me voyait dans des états catastrophiques…
Et depuis ? Où en sont mes menstruations ?
Depuis l’arrêt de mon mode de contraception, mon corps a mis un peu de temps à se réhabituer à ses cycles naturels. Ils sont redevenus relativement réguliers, même si la durée peut varier. Avec le passage des années, j’ai aussi appris à comprendre comment fonctionne mon corps et à repérer les indices de ces différentes « phases ». J’ai également récupéré mes maux dérangeants sur les premières 48 heures… Merveilleux… Les tiraillements qui vont de l’utérus aux chevilles…
Cela dit, j’ai trouvé un médicament qui contrecarre ces douleurs donc c’est une belle avancée ! Quant à mes migraines, en vrai, ça dépend de moments et de mon dosage de stress sur l’instant. Néanmoins… Je me sens plus libre, avec des émotions sont moins exacerbées. Oui, ça m’arrive d’avoir des coups de déprime ou de colère quelques jours avant l’arrivée des Anglais, mais je les contrôle et je prends du recul sur ce que je ressens.
Mes menstruations… en conclusion…
Bah… comment dire… Ce n’est pas le grand amour, quelque peu conflictuel de temps à autre. Cependant… ai-je vraiment le choix ? Mon corps suit le cours de son existence, indépendamment de ce que je désire ou ce que je veux. C’est ainsi. Serait-ce un poil fataliste comme conclusion ? Oui, je le confirme, j’ai appris à faire avec et je continue. Au jour le jour.