Rencontre avec Divaartist, DragQueen

Comment es-tu venu à ce nom de drag ?

DI : « Cela remonte à mon enfance, étant petit, j’étais traité de « diva » puisque j’avais une voix très aiguë et je chantais tout le temps des airs d’opéra parce que j’ai connu l’opéra assez tôt grâce à ma mère qui m’a un peu initié à cela. Maintenant que j’ai grandi et que j’ai commencé le maquillage et des activités plus artistiques, on m’a plutôt traité comme un artiste. Donc j’ai voulu combiner ces deux mots, car ils représentent la souffrance que j’ai vécue mélangée à la joie de faire du drag et de me transformer au niveau artistique. Ce nom me représente bien, il est vrai qu’il est souvent repris par d’autres personnes, peut-être qu’un jour, je changerai, mais pour l’instant cela me va. »

Quand as-tu commencé le drag ? Comment as-tu découvert cet art ? 

DI : « J’ai commencé vraiment à m’y mettre seulement depuis un an et demi, j’ai commencé grâce à mon année passée en Irlande, il y avait un concours Halloween qui était organisé par l’organisme avec qui j’étais parti et j’ai décidé d’y participer ; donc j’avais acheté un peu de matériel de maquillage de base, et puis j’ai remporté ce concours. Par la suite, j’ai continué le drag durant cette année en faisait quelques vidéos de maquillages que j’ai postées sur les réseaux sociaux comme TikTok et cela a bien marché ; je faisais déjà un peu de l’humour quand l’entreprise s’appelait encore Musically.

J’aime bien mélanger le maquillage et l’humour, ça marche bien ; je prends comme exemple une de mes dernières vidéos où je reprends l’audio d’un sketch de Florence Foresti où je porte ma tenue de Persan, dans cette vidéo j’avais voulu faire un look un peu androgyne, j’aime beaucoup aussi joué sur l’androgynie, c’est important pour moi. »

Qu’est-ce qui t’as donné envie de te lancer dans cette activité ?

DI : « Ça a commencé assez tôt, j’ai toujours aimé me transformer avec des bouts de tissus comme des capes, je faisais des robes avec des capes. Mais c’est vrai que « Ru Paul’s Drag race », la fameuse émission de drag-queen américaine, m’a vraiment donné envie, je voyais toutes ces strass et paillettes, tout ce monde artistique mis en avant, car ils créent leurs looks de A à Z. Alors, j’étais vraiment très obnubilé par ça, je voyais toute la beauté du show, mais après, il y a toujours le background des drags, c’est aussi très stressant pour iels.

Mais ça m’a mis des paillettes dans les yeux ! 

Il y a certaines drags que j’aime comme celles qui aiment appuyer sur les traits « féminins », j’ai été tout de suite attiré par ce côté-là. L’univers du drag est très complet ; on peut faire du théâtre, on peut chanter, on peut faire tout ce qu’on veut tout en se grimant, en se transformant ; ce qui est intéressant aussi, c’est de voir l’univers de chacun. J’aime le fait de ne pas avoir de personnage unique car le drag, c’est aussi avoir plusieurs personnages. Je peux dire que la perruque fait beaucoup, tu changes de perruque et d’un coup, tu es quelqu’un d’autre. Le maquillage aussi, la technique peut changer, mais c’est surtout la perruque pour moi. » 

Quelles ont été les difficultés rencontrées lors de la transition vers cette activité ? 

DI : « La difficulté rencontrée a surtout été l’acceptation de ma mère par rapport à ça ; ma mère, étant plus jeune, a travaillé pour aider les personnes prostituées à se rétablir. Et en me voyant comme ça, ma mère m’a traité de prostitué plusieurs fois ; c’est très récent ; elle l’a découvert assez tôt, car il y avait des personnes dans ma famille qui ont vu mes vidéos de drag et lui ont montré. Elle veut me protéger et bien faire, mais elle veut cacher cette part en moi et cette part augmente toujours. J’ai donc continué de mon côté. Je n’ai jamais eu de critiques négatives dans mes vidéos, car je sélectionne les gens avec qui je veux communiquer et ceux qui veulent me suivre, ça m’est déjà arrivé,mais jamais de grosses critiques.

Mais en soit c’est surtout ma mère qui est toujours très restreinte par rapport à ça. Après elle a quand même fait des efforts, car nous suivons la même psychologue et elle a fait un vrai travail avec elle pour qu’elle comprenne mon côté artistique, elle fait son chemin, mais ça avance petit à petit. Sinon dans ma famille, d’autres personnes n’ont pas accepté aussi, mais elles ne me l’ont jamais dit en face, on essaie sûrement de me le faire comprendre, après j’ai d’autres personnes de ma famille qui trouve ça très artistique et pas du tout vulgaire. » 

Est-ce que le drag est actuellement ton métier ? 

DI : « Malheureusement, non, je suis encore au lycée donc le bac me demande beaucoup de temps de travail. Pour moi, c’est plutôt un passe-temps, après je ne suis pas quelqu’un qui va m’inviter à des événements et pour l’instant ça me va. Après vu que je ne travaille pas à côté, je ne suis pas rémunéré et donc pour les affaires de drag c’est compliqué parce que c’est très cher, mais j’arrive toujours par quelques moyens de m’offrir de nouvelles affaires, je fais beaucoup d’économies. 

Pour l’instant, j’ai encore du mal à m’imaginer dans le métier, car c’est un métier très dur et puis c’est très fatigant, je côtoie des drag-queens assez célèbres comme Nöxïmä Marley donc là, je fais mon prochain show avec elle le 9 juin à Colmar au café Rapp. Elle dit également que c’est un métier très dur ; elle dit qu’il faut s’associer, donc pour l’instant non mais sait-on jamais peut-être plus tard. 

Peut-être dans la vingtaine ou la trentaine, je suis l’une des plus jeunes drag queen de tous les évènements, les autres performeuses sont agréablement surprises également parce que j’ai un parcours musical assez développé derrière. J’étais à la maîtrise des garçons de Colmar, j’étais au Conservatoire, j’ai chanté plusieurs fois à New-York, j’ai réussi à avoir des occasions et j’essaie de ne jamais en rater puisque plus t’as d’occasions plus t’as de chances de te faire connaître. Je ne cherche pas la célébrité total mais c’est vrai que la scène m’attire beaucoup que ça soit au niveau du drag ou alors au « naturel » parce que je suis aussi chanteur lyrique à côté et j’aimerai le devenir pleinement. L’art en général me touche ! » 

Quel a été votre ressenti lors de votre 1re fois en drag ? 

DI : « La 1re fois que j’ai vraiment aimé le drag n’était pas ma première fois sur scène parce qu’au début, tu te dis que c’est pas mal, mais avec le recul, tu te rends compte que tu vas évoluer ; Au début je faisais seulement le maquillage car je n’avais pas assez d’argent pour m’acheter des tenues, les chaussures et les perruques , mais c’est vrai que la première fois que je me suis vu totalement en drag je me suis dit que c’était un bon début et que j’appréciais quand même le personnage que je dégageais.

Après je connais mal encore le caractère de mes personnages parce que pour moi quand tu es en drag tu imites, tu crées un personnage, tu peux faire quelqu’un de très folle ou quelqu’un de très posé. Souvent, je faisais ça dans ma chambre, je ne pouvais pas vraiment le montrer au public, mais je le faisais en vidéo, donc les vidéos m’ont beaucoup apporté, par exemple je reprends souvent des sketch alors j’aime bien associer ce personnage à tel sketch. 

C’est aussi ça le but de mon drag, c’est aussi reprendre des célébrités avec des personnages de drag, que ça soit des humoristes (Florence Foresti) ou des comédiens où là je vais reprendre des extraits de films.

Souvent, dans le drag, il faut aussi avoir de la repartie, il n’y a pas que la beauté ; la personnalité est à travailler et c’est encore quelque chose que je dois faire évoluer, il est vrai que le théâtre d’improvisation m’a beaucoup aidé, mais c’est toujours en cours. Ce qu’il faut se dire, c’est que dans le drag quand tu interprètes un personnage, tu peux critiquer le public parce qu’ils ne savent pas qui tu es derrière, c’est assez marrant, mais j’ai aussi du mal avec ça, car quand je le fais au public, j’ai l’impression de me retrouver moi au naturel ; j’ai du mal à me détacher. J’ai peur de trop déborder, de trop en faire, car il faut savoir nuancer, mais c’est en cours ! »

Quelle est ta définition du drag et que cela représente pour toi ? 


DI   « Pour moi, il y a plusieurs parties dans le drag, beaucoup de gens pensent que le drag est une critique de la femme, que cela renvoie une image vulgaire de la femme lorsqu’on regarde le drag au niveau esthétique ; je suis très jeune là-dedans donc il est vrai que ma vision du drag ne peut pas être forcément « juste », il faut prendre ce que je dis avec des pincettes, mais pour moi le drag, c’est montrer au public une des personnalités qu’on peut avoir, il faut avoir de la répartie. Il faut s’amuser, ne pas forcément chercher à faire des choses extraordinaires, mais surtout chercher à amuser le public.

Après, il y a le côté personnel dans le drag, souvent, tu peux avoir des traumatismes que tu as vécu étant plus jeune et le drag peut t’apporter du réconfort ; le drag peut renforcer ton caractère, pour ma part cela m’a aidé, car j’étais quelqu’un d’assez réservé jusqu’en seconde puis le drag, ainsi que mon parcours musical et artistique derrière, m’a permis de me faire une carapace, par exemple maintenant si on me critique je vais jouer, et même surjouer de cette critique, je vais répondre de manière humoristique et décalé.
Le drag va représenter une force de caractère, l’envie de se dépasser, dépasser ses peurs. Il y a le côté du challenge dans le drag puisque ce n’est pas un exercice qui est simple, par exemple certains vont se sentir moins à l’aise que d’autres sur la scène, il faut gagner en charisme. » 

Tu as participé à un Drag Challenge, comment l’as-tu vécu ? 

DI : « Le drag challenge s’est déroulé en février 2023, j’ai pu y participer grâce à une personne de mon lycée de Marie Curie qui était dans ce « Coven » qui est le nom du groupe de drags et cette personne m’a donc proposé de participer à ce challenge qu’il faisait, il cherchait de nouvelles drag-queen, de nouveaux performeurs pour les lancer sur la scène et/ou dans le monde du drag. 

J’ai donc accepté avec joie puisque c’est bien de faire du drag seul.e.es dans sa chambre ou dans des vidéos, mais c’est aussi très bien aussi de le montrer à un vrai public et d’avoir des remarques qu’elles soient positives ou négatives, même si le plus souvent, c’est positif. 

C’était la première fois que je participais, et je l’ai bien vécu, dans ce « Coven » ils sont assez bienveillants, ils n’essaient pas de nous stresser depuis le début et ils nous disent de nous amuser, surtout sur scène.

Il faut faire passer un bon moment au public et puis être à l’aise lorsque tu fais ton lip sync. 

Je l’ai également bien vécu avec les autres drag kings et drag queens puisque on s’est partagés nos expériences, nos univers puisque chaque personne a son univers ; et souvent on va se coordonner, on a les mêmes goûts, les mêmes références que ça soit musical ou théâtral, on rigole et on discute beaucoup. 

Après, dans le monde du drag, on s’envoie pas mal sur la gueule, mais c’est gentil, mais ça a été une super expérience, j’étais assez stressée puisque c’était la première fois que je montais sur scène ; les premières minutes ont été assez dures et après, je me suis vraiment laissé aller, le public est souvent très chaleureux, il fait partie de la communauté, ils savent à quoi s’attendre. Il y a aussi des nouvelles personnes, mais elles sont souvent agréablement surprises parce qu’elles voient d’abord seulement le côté artistique et ensuite, elles découvrent en regardant le show la répartie des drag et leur humour.

Dans ce genre de soirées, le public peut répondre à la personne sur scène, ce sont des échanges très drôles et plein d’autodérision ; il ne faut pas se prendre trop au sérieux dans le monde du drag. » 

Est-ce que tu crées et confectionnes tes looks (perruques, tenues, accessoires, maquillages, ongles) de A à Z ? 

DI : « Malheureusement, je n’ai pas le temps puisque j’ai seulement mes week-ends quand je rentre à Colmar pour créer mes looks ou autres ; mais je ne les crée pas moi-même, je reprends souvent des robes que j’achète, je peux les personnaliser, les customiser, les arranger, par exemple enlever du tissu ou soit en rajouter, mais j’aimerais beaucoup créer mes créations parce que j’ai quelques idées en tête, j’ai un monde artistique que j’aimerais développer.

Je suis familier avec la création, la couture donc j’ai postulé pour l’année prochaine à l’école de couture « Chardon Savard » à Paris et j’ai été accepté, parce qu’ils ont apprécié mon univers artistique. Mais pour l’instant je ne crée pas vraiment mes tenues, je les achète et je les arrange, surtout pour les perruques, je peux la gonfler un peu, la couper, la colorer, mais je ne fais pas vraiment de A à Z, j’essaie plutôt de m’approprier la tenue, si j’aime bien la tenue toute seule, mais qu’elle ne me correspond pas encore totalement, alors je vais la transformer un peu. C’est seulement le maquillage que je fais vraiment de A à Z. » 

Combien de temps te faut-il pour trouver l’inspiration de la tenue, créer un cadre autour de la tenue ? 

DI : « Les réseaux sociaux sont là pour ça comme Tik-Tok, Instagram, et même Snapchat. C’est très souvent Tik-Tok qui m’a inspiré pour les maquillages et les tenues, c’est plutôt lorsque je vois qu’il y a une tenue ou un maquillage qui me plaît, je vais garder la vidéo.

Je n’aime pas le terme « copier » par rapport au maquillage parce qu’après, je l’arrange toujours par rapport à mon style, je vais pas faire exactement la même chose et c’est vrai que je m’inspire beaucoup de maquillages déjà fait puisque je ne suis pas encore quelqu’un qui se connaît beaucoup en maquillage. Par contre j’ai postulé dans l’école de maquillage « ITM » à Paris et j’ai également été accepté là-bas. 

Les inspirations peuvent prendre du temps comme aller très vite, je passe du temps sur les réseaux sociaux donc quand je vois un maquillage qui me plaît, je le mets dans mes favoris pour plus tard, je choisis le maquillage aussi selon mon humeur, celui qui peut me prendre le plus de temps ou le moins de temps possible. L’inspiration est variable, elle peut prendre plusieurs jours comme peu de temps, c’est aussi l’envie qui joue, car quand t’es fatigué ou que t’as eu une semaine chargée, se mettre pendant 4 h au maquillage, ça ne donne pas envie. Je pourrais mettre beaucoup moins de temps, environ 2h  si je ne faisais pas mes vidéos Tik Tok à côté parce que j’aime bien garder une trace pour plus tard. Mais je dirais que je prends 4-5 h à faire la vidéo et le maquillage en même temps.» 

Quelles sont tes différentes inspirations pour tes looks et pour la personnalité de tes personnages ? 

DI : « Il y a beaucoup d’artistes que j’aime beaucoup, comme Julie Andrews, l’actrice qui a joué Mary Poppins ; un de mes films préférés, c’est le film musical « Victor Victoria », j’ai souvent chanté le « jazz hot » qu’on retrouve dans ce film. J’aime beaucoup l’histoire de ce film, cette fille qui se transforme en homme et qui se fait passer pour une fille, je me référence beaucoup à ça, dans le film, elle fait ça pour gagner sa vie, moi, je fais ça parce que j’ai longtemps eu du mal à m’accepter comme j’étais. Il y a aussi la chanteuse et actrice Barbra Streisand qui jouait dans le film musical « Hello Dolly ! » (1969) ou encore « Funny Girl » (1968) où l’on retrouve la chanson « Don’t Rain on my parade » qu’elle interprète. 

Après mon icône de toujours est Dalida, c’est vraiment mon univers, je l’écoute tout le temps !

Ma mère me l’a fait connaître très tôt, la première chanson que j’ai connu, c’est « Bambino ». Elle n’est peut-être pas mon inspiration pour toutes les tenues, même si j’ai toujours eu envie d’avoir une de ces tenues, mais j’ai toujours voulu me rapprocher le plus possible de ces tenues et surtout au niveau de ces perruques.

J’ai aussi plein d’inspirations de chanteurs plus féminins que masculins puisque j’écoute beaucoup de voix féminines comme Adèle, j’aime beaucoup son univers, ses tenues aussi et bien sûr sa voix. Je ne suis pas non plus inspirée par les « grandes personnalités » comme Beyoncé ou Cardi B par exemple, mais Lady gaga par contre oui, j’aime beaucoup ces tenues, après il y en a qui sont très osées ; elle a un style qui me plaît et qui plaît au public, mais j’aurai du mal à me voir là-dedans parce qu’elle a un personnage très fort, mais j’adore ces musiques et j’aime beaucoup me référencer à elle. 

J’aime aussi beaucoup Taylor Swift parce que je trouve qu’il y a un côté d’elle que j’ai. J’aime beaucoup ces chansons comme « You need to calm down » que je vais chanter le 09 juin, en plus la chanson soutient les LGBT par ses paroles et je vais la chanter en plein mois des fiertés donc c’est pour ça aussi que j’ai envie de customiser une robe avec le drapeau LGBT en référence.

En soi, j’aime bien me battre pour cette cause, mais je ne suis pas un grand militant non plus, je respecte et je soutiens les personnes engagées dans cette cause-là. 

J’aime aussi beaucoup les années 80, les années disco comme Boney M par exemple ; les grandes chanteuses des années 80 notamment Véronique Sanson ou encore France Gall. » J’aime bien les robes de princesse comme le dernier film de « Cendrillon » sorti en 2015, également le film « La belle et la Bête » (2017) aussi. »

 Comment définirais-tu ton univers ? 

DI : « Dans mon univers de drag, j’ai plusieurs personnalités donc plusieurs personnages, mes personnages sortent plutôt de la personnalité que je dégage donc de la gestuelle et aussi de ma façon de parler. Quand je dis façon de parler, je veux dire faire des accents, par exemple l’accent de Céline Dion donc québécois, l’accent italien par rapport à Dalida également et aussi l’accent belge, il y a pas mal d’accents qui sont encore en cours de travail, j’aime bien me prendre en dérision et mes personnages également ; mais il faudrait que j’exploite plus mes personnages, que je me pose avec eux et me dire qu’avec cette tenue-là, ce maquillage-là et cette perruque, je pourrais interpréter tel personnage. 

Le thème d’improvisation m’a beaucoup aidé pour sortir de ma zone de confort et à jouer de moi et à surjouer, mais toujours avec modération pour ne pas trop en faire parce qu’après ça peut être barbant. Donc il faudrait que j’apprenne à savoir nuancer ; les réseaux sociaux, mes expériences personnelles, il y a aussi moi, mes intérêts pour des personnes, des personnages. Je dirais aussi que mon drag n’est pas dans la vulgarité ; c’est un genre de drag que j’apprécie mais ce n’est pas ce que j’aime faire, j’aime beaucoup les robes élégantes, le côté plus « féminin », après je trouve que dans le drag il ne faut pas tout le temps se répéter.

Il faut sortir de sa zone de confort, c’est très important dans le monde du drag parce que le public peut s’ennuyer.

C’est toujours bien de se renouveler donc j’aime bien sortir de ma zone de confort. Et ma zone de confort c’est par exemple porter des pantalons, par ailleurs un de mes premiers drag show s’est déroulé à la Péniche Mécanique, le thème était les années 2000, je pensais y aller en robe, car ce qui caractérise les années 2000 c’est plutôt les robes très courtes, mais j’ai préféré éviter et je suis parti sur un pantalon pattes d’éléphant. » 

   Où peut-on te voir en représentations artistiques ? 

DI : « Pour l’année prochaine je pars à Québec au Canada pour une école de chant lyrique « McGill University » et donc je me suis dit pourquoi pas me faire connaître là-bas aussi, il y a une fameuse avenue avec beaucoup de bar de drag, j’ai appris que beaucoup de drag queens connues de nos jours se sont fait connaître dans ces bars-là donc si la chance me sourit, une potentielle carrière pourrait s’installer à Québec mais après il faut que je reste concentré sur mes études, c’est surtout un passe-temps alors ça peut continuer à l’être, si une occasion se présente je serai motivé à la prendre.

Après, il faut faire attention, car dans le monde du drag, il peut y avoir des gens malveillants notamment dans les bars, certains gérants peuvent t’exploiter. 

Pour l’instant, je n’ai pas envie de faire une pause là-dedans, car c’est toujours ce que j’aime, mais je me concentre aussi sur mes études et surtout…avoir le bac ! »

Que proposes-tu en activité artistique ? 

DI : « Je propose du chant, du violon, je peux faire de la percussion, un peu de piano aussi. J’ai aussi fait 4 ans de claquettes, j’ai commencé cette activité à l’âge de 12 ans au Studio Danse, Sport et Loisirs à Colmar qui proposait des cours de claquettes, j’étais le plus jeune du groupe. Après, j’ai dû arrêter un certain temps pour me consacrer à mes études au lycée et travailler le bac, mais j’ai continué d’en faire à côté, j’ai pris des cours individuels, ça m’est arrivé d’aller à Paris pour faire certains cours. Je n’ai pas vraiment arrêté, mais c’est plutôt un passe-temps. »

Est-ce que tu souhaites porter un message à travers ton activité ?  

DI : « Quand on est drag queen, ce n’est déjà pas facile par rapport au regard que peuvent avoir l’entourage familial ou les amis sur toi et ton activité. J’ai eu mon caractère et j’ai voulu imposé certaines choses, il faut vraiment faire ce que tu as envie donc si quelqu’un a envie de se lancer là-dedans, il faut qu’il se lance, après si la personne a déjà un côté artistique cela aide déjà, sinon il faut qu’il soit persévérant. Le drag reste une grosse prise de liberté, ça plaît souvent au public même si derrière il peut y avoir quelques critiques, mais tu as ton univers et si tu arrives à faire passer ton message, c’est super.

Beaucoup de drags font passer un message notamment dans leur lip sync, c’est bien et il en faut, mais d’autres comme moi essayent de faire passer des messages plus personnels. Je fais passer mes émotions, ma vie en général lorsque ça ne va pas. Par rapport à mon show le 09 juin, j’aimerais faire passer un message de soutien aux LGBTQ+ avec la chanson « You need to calm down » de Taylor Swift. »

Est-ce que tu as un message à adresser aux personnes qui souhaitent se lancer dans le drag ? 

DI : « Si j’ai envie d’encourager les personnes qui veulent se lancer là-dedans ou qui ont arrêté et veulent s’y remettre, je dirai qu’il faut avoir du cran, ça ne va pas être simple tous les jours, il faut réussir à te faire accepter, c’est ça le message le plus important. Il ne faut pas hésiter à partager, à montrer qui tu es au fond, souvent, on met une carapace sur nous, on ne dévoile pas qui on est réellement, il faut savoir faire ça. Et on peut commencer le drag à n’importe quel âge ! »

Interview réalisée par Romane.

Un immense merci à Divaartist pour avoir répondu à nos questions !

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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