Des hommes cis survivants de violences sexuelles perpétrées par des femmes cis : ça existe !

des hommes cis victimes de violence sexuelle ça existe ! Le cul bordé de nouilles magazine

En janvier, le magazine a atteint un nombre record de visite et je vous en remercie infiniment ! 

Aujourd’hui, je mets à profit cette visibilité naissante sous forme d’un espace bienveillant, propice aux témoignages. Ce n’est pas la première fois que je vous propose l’intervention de personnes extérieures à la rédaction, pour un article. Il est important d’aborder des sujets en présence de concerné·e·s et je ne suis -évidemment- pas toujours concerné·e par les sujets que j’aborde. Bien que j’attache une importance à l’écriture de problématiques féministes qui me touchent personnellement, je ne me cantonne pas qu’à mon expérience personnelle : elle n’est pas universelle et je ne suis pas blogueur·se. Ici, nous allons donc parler des violences sexuelles faites aux hommes cisgenres et perpétrées par des femmes cisgenres.

J’ai à cœur de donner la parole à toustes ! Cet article se veut donc aidant. Je ne pouvais pas faire une démarche similaire sur les réseaux sociaux, car la Censure me l’interdit. L’idée même de modifier les témoignages pour qu’ils conviennent à cette dernière (en cachant la dénomination des crimes commis, en proposant des phrases à déchiffrer, en les réduisant au maximum pour qu’ils soient adaptés à un format de publication…) me paraissait être un manque de respect profond : je voulais conserver l’authenticité des témoignages. Ce nouveau format (sûrement ponctuel) a pour unique but de libérer la parole et de vous confronter à des vérités qui (vous) dérangent !

« Isolées » ne veut pas dire « inexistantes » : ces violences sexuelles existent. Nous croyons les survivants ! 

Notre société est dysfonctionnelle, notre système est violence. 

Et je ne souhaite pas l’analyser en détails pour le moment. Ni trouver des réponses aux violences témoignées, car elles sont invisibilisées. Et j’espère que ce magazine comme espace de témoignage, permettra à son échelle de briser cette invisibilisation, ce silence prioritairement. Avant de nous interroger sur la provenance de ces violences, avant de théoriser, commençons par accorder notre temps et notre lecture aux survivants. Le magazine ne tolérera aucune haine et propos remettant en question les violences subies, minimisant les crimes commis, responsabilisant les survivants et instrumentalisant cet article à des fins malveillantes. 

Désormais, le cadre vous a été posé. 

Il y a plusieurs mois, j’ai recueilli à partir de mon compte Instagram des témoignages de violences sexuelles que des hommes cisgenres avaient subi, perpétrées par des femmes cisgenres, à l’âge adulte et/ ou fin d’adolescence. Pendant quarante-huit heures sur la base du volontariat, des hommes cisgenres ont témoigné (certains pour la première fois) de violences que l’on tut. Leurs témoignages m’ont confronté à une réalité choquante que je n’avais jamais envisagée et je m’en excuse. Les stéréotypes (de genre, de la victime de viol, de l’agresseur·e…) sont en partie responsables de l’illégitimité à témoigner que ressentaient ces survivants, sans exceptions. En collectant ces témoignages, mon but était de permettre la conscientisation des violences sexuelles perpétrées par des femmes cisgenres. Mais surtout, d’exiger que désormais, il n’était plus possible de ne pas croire un homme cisgenre survivant de violences sexuelles.

on croit tous.tes les victimes de violences sexuelles- le cul bordé de nouilles magazine
© Ennio Cameriere

Des hommes cisgenres sont victimes de violences sexuelles perpétrées par des femmes cisgenres. 

Certes, ces violences ne s’inscrivent pas dans une continuité de comportements sexistes à l’échelle de tout un système. Ce sont des actes qu’on dit « isolés » voire « minoritaires », comparés aux violences que subissent les personnes perçues comme femme, perpétrées par les hommes cisgenres. Mais cela ne les rend pas moins existantes. Un survivant, c’est déjà un de trop. Nos croyances sur l’impossibilité que les hommes cisgenres -surtout hétérosexuels- soient victimes de violences sexuelles commises par des femmes cisgenres sont directement liées aux stéréotypes, comme je vous l’expliquais plus haut. Ils infligent une double-peine et doivent cesser d’entretenir des croyances fausses sur les violences sexuelles (les mythes du viol). Quand je vise les stéréotypes comme cause directe, les personnes qui les véhiculent consciemment ou non en font partie (et n’en sont pas dissociées). 

Après avoir recueilli les témoignages, j’ai pris le temps si besoin de discuter avec les hommes qui témoignaient. Et je vous le dis honnêtement -sans exagération aucune- que très peu avaient pleinement conscience de ce qu’ils avaient subi. Utilisant des termes minimisant les crimes, s’excusant de ne pas savoir si c’était une « vraie » violence sexuelle, se responsabilisant sur la base des rôles de genre traditionnels… Nous leur disons ceci : vous êtes légitimes.  Et j’espère de tout cœur que cette démarche permettra à d’autres survivants de se joindre (s’ils le souhaitent) à cette libération de la parole. 

Les hommes cisgenres survivants sont des victimes de violences contre-stéréotypées.

Les hommes cisgenres font aussi partie d’un grand nombre de citoyen·ne·s qui ne sont pas écouté·e·s, pas protégé·e·s, responsabilisé·e·s, car iels sont des victimes contre-stéréotypées. Le stéréotype de la victime de viol (ou de violence sexuelle) est représenté par : une femme cisgenre blanche hétérosexuelle, exclusive sexuellement et si possible mariée, qui respecte le code vestimentaire social, n’est pas sous l’emprise de drogues ou médicaments voire endormie au moment du viol, s’est débattue et ne s’est pas « mise en danger ».

La victime de viol « idéale » est donc une femme cisgenre, qui n’est considérée comme victime que sous conditions (et elles sont légion comme vous pouvez le voir au-dessus). Et même si elle « coche toutes les cases » de la victime « idéale », il faut que l’agresseur·e soit conforme au stéréotype de l’agresseur·e (un homme cisgenre racisé inconnu de la victime, qui faisait preuve de violence pour la contraindre) et que la violence sexuelle soit stéréotypée à son tour (ayant lieu dans la rue principalement et en journée, si elle avait eu lieu le soir, on pourrait reprocher à la femme de s’être mise en danger en se trouvant dans la rue en soirée). 

Et même si tous ces stéréotypes sont réunis, cela ne garantit pas pour autant d’être accompagné·e correctement. Ce ne sont que des conditions permettant d’avoir une meilleure probabilité d’obtenir justice et d’être cru·e.

Partant de ce constat, l’homme cisgenre ne peut pas être victime de violences (aux yeux de la société patriarcale)

Quelques exemples de croyances transmises sous forme de questions rhétoriques : comment pourrait-il être victime puisqu’il est biologiquement supérieur à la femme ?! (misogynie bonjour !). Comment pourrait-il être victime puisqu’il est déterminé, fort et sûr de lui ? (stéréotype de genre bonjour !). Comment pourrait-il être victime car, ce sont les hommes qui violent les femmes et non l’inverse ? (stéréotype de la victime de viol et de l’agresseur·e bonjour !). Et aussi la fameuse : « Les hommes ne sont pas victimes de violences sexuelles, sinon ce ne sont pas de vrais hommes ! ». Eh oui, on se passerait bien des rhétoriques masculinistes ultra-culpabilisantes et responsabilisantes (les incels allez-vous en !). 

Il existe aussi énormément de croyances propres aux viols que subissent les hommes cisgenres (j’ai trouvé très facilement des exemples sur Wikipédia.) qui attaquent directement les victimes, et minimise les violences sexuelles : « Les hommes ne seraient pas vulnérables », « une érection impliquerait le consentement », « les hommes seraient moins traumatisés que les femmes », « subir un viol aurait un impact sur l’orientation sexuelle » sous-entendant que cela « rend » homosexuel, « un homme violé par une femme serait chanceux »…

Nous croyons toustes les survivant.e.s - Le cul bordé de nouilles magazine

Un homme violé est un homme violé, point. Ce n’est pas un sous-homme.

Ce n’est pas un sous-homme ou une « femmelette/ chochotte/ gamine » … Oui, vous remarquerez que les insultes à l’encontre des hommes victimes comprennent des termes féminins infantilisants et sexistes. Comme si être associé à des caractéristiques féminines ou aux violences faites aux personnes perçues comme femmes, était dégradant. Non, le genre féminin n’est pas un sous-genre ridicule qu’on utilise pour rabaisser les individus de genre masculin… Ou toute personne perçue comme homme. 

Pourquoi est-ce que je vous fais un point sur divers stéréotypes et réactions violentes, face aux témoignages d’hommes cisgenres survivants ? Pour vous préparer aux témoignages, vous apporter quelques réponses bien qu’elles restent en surface et pour vous permettre de déconstruire des croyances néfastes. Je n’exposerais jamais des survivants à des lecteurices sans un temps préalable de déconstruction et d’avertissements. 

Les hommes cisgenres survivants sont une menace pour notre système patriarcal. 

Les réactions habituelles face à des témoignages contre-stéréotypés sont évidemment violentes, frontales et justifient le système patriarcal. Toutes les victimes contre-stéréotypées (donc ne collant pas aux stéréotypes de la victime de viol par exemple) sont une menace pour la société et son agencement. Car cela prouve qu’elle est profondément défaillante. Ainsi les hommes cisgenres survivants sont (alors qu’ils n’ont rien demandé, je vous l’accorde) une menace pour notre système, pour les stéréotypes qui le perpétuent et les personnes qui y adhèrent (consciemment ou non). Ce sujet est extrêmement tabou et facilement instrumentalisé par les sombres pseudo-féministes oppressives, la fachosphère, les personnes non-déconstruites ayant des dispositions fortes à justifier le système… qui s’arrêtent à la croyance des témoignages qui les arrangent et condamnent ceux qui les dérangent.

On croit toustes les survivant·e·s de violences sexuelles

Le féminisme est pro-convergence des luttes : croire un homme cisgenre survivant de violences sexuelles perpétrées par une femme cisgenre, c’est la base du féminisme. On croit toustes les survivant·e·s. Si ça vous dérange, si ça vous met mal à l’aise dans le sens où il est difficile pour vous d’admettre que cela existe, il est temps de vous pointer du doigt comme source du problème. Vous allez me dire : « Tu crées une injonction ! C’est de la pureté militante ! Tu dessers la cause ! ». Unpopular opinion : non. C’est de la décence et du respect.

Croire une victime peu importe son genre et celui de l’agresseur·euse c’est primordial. Si vous voyez en mes mots le pseudo-concept de « pureté militante » (argument phare des genstes qui ne veulent pas se remettre en question) c’est qu’il est sérieusement temps de vous remettre en question. Justement. De plus, pas besoin d’être un·e militant·e pour croire un·e victime : vous avez juste besoin d’être un·e être humain·e décent·e. Je dois sûrement bouleverser énormément d’idées reçues dans vos esprits… Ça signifie que cet article a un impact positif ! Le sujet du jours doit être abordé : je crois que vous y êtes prêt·e·s. 

on croit tous.tes les victimes de violences sexuelles- le cul bordé de nouilles magazine

Témoignages de survivants

Ci-dessous, je vous invite à visionner les témoignages. Pour la bonne compréhension de ces derniers je me suis permis·e de les modifier en écriture inclusive si besoin, de supprimer des passages difficiles à comprendre, de reformuler des phrases ou changer des mots (le sens du témoignage n’est pas altéré et le récit est conforme) et remplacer des termes sexistes. Par exemple « nana » devient « femme ». Les témoignages conservent leur authenticité.

Je rappelle qu’ils portent sur des violences sexuelles (viols, agressions sexuelles, tentatives de viol/ agressions sexuelles, harcèlement sexuel…) et qu’ils peuvent être choquants. Ainsi, vous avez parfaitement le droit de ne pas vouloir y être confronté·e. Si besoin, préservez-vous. 

Les témoignages sont anonymes. Est indiqué au début de chacun un « TW » avec une indication des violences témoignées, pour vous situer avant lecture (lisez bien le descriptif pour ne pas être surpris·e par les violences abordées). Messieurs, vous êtes forts, vous n’êtes pas seuls, on vous croit. Je vous remercie de tout cœur d’avoir témoigné : vous êtes courageux. 


TW : Tentative de viol/ Multiples agressions sexuelles/ Harcèlement sexuel 

« Un jour deux filles au lycée m’ont enfermé dans les toilettes et ont voulu me déshabiller de force car elles s’étaient données ce foutu pari de la première qui coucherait avec moi, alors que je n’avais aucune attirance envers elles. Le pire c’est qu’elles ont voulu s’y prendre à deux ce jour-là… et qu’en cours il m’arrivait de sentir leurs mains traverser le haut de mon pantalon…. Et j’en ai des autres comme ça. Non mais je te jure ! Ça arrive à tout le monde sauf que les hommes en parlent moins en général, mais si ça nous arrive aussi. »


TW Multiples agressions sexuelles/ Chantage émotionnel/ Tentative de viol 

« Une exe plan cul avait besoin de soutien. Elle devait se faire opérer. Elle m’a demandé si on pouvait se voir et si éventuellement elle pouvait dormir chez moi (mon appartement était nettement plus proche de l’hôpital). Je lui ai tout de suite signifié qu’il ne se passerait rien de sexuel. Avant de venir, elle m’écrit qu’elle a envie de moi. Je lui dis qu’il ne se passera rien et que si elle espère quelque chose, pas la peine de venir.

Elle arrive, on mange ensemble, on parle, puis on prend l’air sur la terrasse. Elle m’avoue ses sentiments dont elle prend conscience la soirée même. Je lui dis que ce n’est pas réciproque. Elle pleure, je pleure. Elle me demande si elle peut toujours rester. Je lui dis « oui ». Elle me demande si c’est possible de faire un câlin dans le lit (je n’avais pas de vrai canapé et mon salon avait une alcôve dont j’avais fait ma chambre). Je lui dis « ok » mais que ça n’ira pas plus loin. Elle essaye ensuite de m’embrasser, elle y arrive, je ne lui rends pas. Je lui dis à nouveau que je ne veux pas. Elle me dit de poser mes mains sur elle. Elle me les dirige presque.

Je lui dis à nouveau « non ».

Elle se met à pleurer. On discute à nouveau. Puis, à un moment, d’un coup, elle me monte dessus, me tenant les poignets et frotte son sexe contre le mien (on était habillé·e). Je suis sidéré. Je finis par lui redire « non », à me dégager de sous elle et vais au WC m’enfermer. Quelques minutes plus tard je l’entends tapoter à la porte « – J’ai l’impression que j’ai fait quelque chose ? Bon je ne vais pas rester, si je pars maintenant, je vais réussir à prendre mon train ».

Elle part. Plusieurs minutes plus tard, je reçois un message de sa part : « J’ai loupé mon train je suis en train de monter, j’arrive ». Je l’accueille, comme plus moi, comme plus dans mon corps, observateur. Je lui laisse le lit et vais me mettre sur un matelas le plus loin que je peux. Elle me propose plusieurs fois de la rejoindre. Je décline. Je ne dors quasi-pas. Elle devait se lever tôt. Je fais mine de dormir et lui ai vaguement dis aurevoir à un moment je crois.

Une fois définitivement partie, je me suis relâché.

J’ai pris de ses nouvelles par rapport à son opération. J’ai appris que ça c’était bien passé, j’ai attendu la convalescence et lui ai ensuite tout déballé et lui ai dit qu’on ne pourra pas même être ami·e. Une semaine après elle prenait contact « Trop tôt ? ». Je l’ai bloqué. Quelques mois après elle m’a écrit un texto et un mail pour me demander qu’on se voit pour savoir s’il n’y aurait plus jamais de contact entre nous. Je ne lui ai pas répondu. Je l’ai ghost. Ce n’est pas la première fois que je raconte cette histoire. Je me sens à chaque fois mort dedans, en colère et ai souvent les larmes qui viennent. Je suis métis, j’ai de la barbe, 1m85, 90kg. Et pourtant… »


TW : Multiples viols/ Exhibition sexuelle

(même si ce n’est pas dans un lieu public je la prends en compte)

« Comme tu le sais je suis photographe. Un jour je suis contacté par une femme qui voulait shooter, on discute du shoot (tout se passe comme toujours) et au bout d’un moment elle demande combien je rémunère. Je lui explique que je ne fais que des collaborations et qu’il n’est pas question d’argent, ce à quoi elle me dit que je peux la payer en nature. Il n’en était absolument pas question pour moi et je le lui dis.

Le jour du shoot

Ça se passe bien jusqu’à qu’on finisse. Là elle devient très (trop) tactile (sans me demander si c’est ok) et c’est à ce moment-là que mon cerveau a fait un blackout. Je voyais tout mais c’est comme si je n’étais pas là. J’ai réalisé que c’était un viol plusieurs années après et je n’arrive toujours pas à m’en remettre. Cette femme m’a recontacté il y a quelques jours alors que j’étais en vacances avec ma copine actuelle, à qui je n’ai pas la force d’en parler. 

Et sinon, je ne compte plus les fois où j’ai accepté de coucher avec des personnes avec qui j’étais en relation, alors que je n’en avais pas réellement envie. Je ne compte plus non plus le nombre de fois où on m’a dit : « Non mais t’es un mec t’as forcément tout le temps envie de sexe surtout vu que tu es dans le BDSM, donc si j’en ai envie j’ai juste à venir chez toi ». J’ai déjà eu une exe qui comprenait que je n’avais pas envie de sexe mais qui me demandait de la faire jouir quand même. Et si je ne voulais pas, elle se masturbait à côté de moi. »


TW : Viol

« Mon témoignage… pas facile j’en ai parlé qu’à ma copine actuelle. C’était il y a 4 ans fin de soirée ou après avoir bien bu lors d’une grosse fête. Je me suis endormi dans le lit de la maison qui m’avait été attribuée car on avait loué pour le week-end. Je me suis réveillé en sursaut car je me sentais oppressé… une femme de la soirée avait baissé mon pantalon et me faisait une fellation.

Il faut savoir que plus tôt dans la soirée nous parlions de ce que nous n’aimions pas comme pratique sexuelle. Pour ma part j’ai horreur des fellations. Réveillé en sursaut j’étais tétanisé et là elle m’a juste dit : « Ah ouais t’aimes vraiment pas ça, bizarre pour un mec ». Je me suis dit durant deux ans que c’était ma faute, que je n’aurais juste pas dû parler de sexe. Mais maintenant je sais que ce n’est pas à moi de me sentir mal. » 


TW : Viols/ Injonction à la sexualité/ Acephobie 

« Je suis un homme cisgenre grey asexuel. Il m’arrive donc d’avoir des désirs mais très peu par rapport à la « norme ». Je n’ai vécu jusque-là que des relations exclusives longues. J’ai débuté la dernière en date même en me sachant polyamoureux, par amour pour cette femme qui ne pouvait concevoir les relations en dehors des normes monoamoureuses.

Comme on peut l’imaginer quand on est sur le spectre de l’Asexualité dans des relations exclusives, la pression autour de la sexualité est très souvent présente. Je culpabilisais beaucoup dans un premier temps de ne pas être à l’image du cliché du mascus au désir effréné… et même en en ayant parlé concrètement avec ma dernière partenaire (qui était très attentionnée) je sentais, je voyais des situations où il y avait cette tension sexuelle dans l’air… et plus je la ressentais, plus je l’esquivais jusqu’à ce que je cède, ou alors que j’en parle et que je vois sa frustration.

J’ai développé avec le temps une sorte d’hypervigilance sur ce sujet.

Repérer rapidement les situations de désir de la personne avec qui je suis. Ces situations de déséquilibre du désir ne sont pas rares dans mon vécu. Et en retraçant mon histoire je me rends compte que mon consentement était loin d’être recherché à chaque fois. Il faut dire que pendant très longtemps je n’avais pas intellectualisé tout ça et je ne l’avais pas clairement exprimé me pensant juste « bizarre », « tordu », « cassé » …

J’ai aujourd’hui compris que je ne peux pas vivre des relations exclusives, car en tant que personne sur le spectre de l’Asexualité, je ne peux m’y sentir épanoui. Dans une relation monogame, dans mon expérience, il y a des rôles attendus, des attentes sur saon partenaire et notamment sur le sujet de la sexualité. Avec la peur qui va avec de ne pas être suffisamment aimé·e si le sexe ne suit pas nos désirs. Je suis traumatisé de ce genre de relation et par ces injonctions au sexe dans un couple. »


TW : Tentative de viol et agression sexuelle/ Viol 

« Une fois -et tout le monde rigole en racontant cette histoire- une femme bourrée qu’on avait mis dans ma chambre à essayer toute la nuit de me toucher les parties, m’embrasser, me faire une fellation. A un moment je n’en pouvais plus et je lui ai laissé mon lit pour dormir sur le petit canapé. Je m’endors et je me réveille trente minutes plus tard. Je la vois en train de me faire une fellation. Donc je la bouge et là on repart sur des tentatives et moi qui dit « non », qui bloque, change entre le lit et le canapé toute la nuit. Jusqu’à ce que Madame reprenne ses esprits et s’excuse. »


TW : Agression sexuelle 

« J’étais en classe de première à l’époque où s’est arrivé. Pour te situer le contexte dans lequel j’étais. Je venais de subir plusieurs déceptions sentimentales d’affilée. Et j’en étais « rendu » à accepter quelconque marque d’affection du moment que je me sentais aimé par quelqu’un. J’ai donc rencontré une jeune femme avec qui le feeling passait bien voire très bien. La relation était discrète car nous avions toustes les deux envies qu’au lycée, on puisse vivre notre vie tranquille, sans se faire emmerder. Du coup on se voyait à la pause de midi ou en sortant des cours le soir. Ça se passait bien sentimentalement et sexuellement on parlait de faire des choses.

Mais il fallait pour nous et surtout pour moi, que cela se fasse « bien ».

J’entends par là, pas à la va-vite. J’avais besoin qu’on se pose chez l’un·e de nous et que l’on y aille tranquillement. Un midi j’étais avec elle, elle s’est assise sur mes genoux. Jusqu’ici rien de bien particulier en vrai car elle le faisait souvent. Il y avait une tension sexuelle entre nous c’était certain et je ne vais pas le nier. Dans notre façon de nous regarder, de nous embrasser, il y avait un truc.

On était dans un parc. Sauf que à ce moment-là elle a débouclé ma ceinture et à enfouit sa main jusqu’à… bah heu… jouer avec mon membre quoi ? J’ai été pris de court. J’en avais envie mais vraiment pas là. Pas maintenant, pas dans un parc avec des gens autour, pas entre deux cours, pas comme ça vraiment pas. Mais le fait que j’en avais tout de même envie -simplement pas dans ce contexte- me fait me dire que je ne suis pas légitime à me plaindre de ce qui m’est arrivé. Donc elle a continué un temps puis s’est arrêtée et on est retourné·e en cours. » 


Vous n’êtes pas responsable des violences sexuelles que vous subissez, peu importe votre genre et celui de l’agresseur·e. Vous êtes parfaitement légitime d’appeler un numéro d’écoute, de rejoindre un groupe de parole, de suivre une thérapie si vous en ressentez le besoin, d’être accompagné·e par une association, de faire un call-out, de porter plainte…

Messieurs, vous n’êtes pas moins légitime qu’une survivante. Vous êtes aussi des survivants.

Article rédigé par Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) | @__niena__
Un autre article de Niena ?!

N’hésitez pas à proposer des solutions sécures, en commentaires, pour les survivants qui le souhaiteraient !

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Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) pour vous servir ! Étudiant·e en Licence de Psychologie/ Stagiaire en Institut de Praticien·ne en Santé Sexuelle et Sexothérapie/ Intervenant·e LGBTQIA+ en milieu scolaire et Porte-Parole pour l'association MAG Jeunes LGBT+/ Militant·e féministe pro-convergence des luttes Queer/ Rédacteur·ice pour le magazine Le Cul Bordé de Nouilles.

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