Quand on cherche sur internet la « première fois » on tombe surtout sur des conseils dits féminins à l’attention des personnes à vulve et notamment des femmes cisgenres (les personnes à pénis et les personnes à vulve qui ne sont pas des femmes n’ont pas besoin de conseils du coup ?!), comment réussir cette fameuse première fois (telle une compétition ou un examen) ou des articles visant la génération des 15-18 ans très infantilisants (comme si les personnes sans expériences sexuelles -avec autrui- étaient forcément des jeunes, qu’on traiterait en plus comme des enfants…) et autres bêtises.
Sur ce coup-là, internet n’est pas notre ami.
Quand on est une personne qui cherche des réponses : ce n’est pas rassurant !
Pourquoi ?
Car les clichés autour de la première fois sont sexistes et LGBT+phobes principalement. Toutes les personnes à vulve ne souffrent pas lors du premier rapport sexuel -lors de la pénétration s’il y en a une par exemple- (et avoir mal lors de la pénétration hum… ça ne doit pas être une normalité), la communication et le consentement existent. La douleur à la pénétration vient souvent du stress et du manque de lubrification. Les personnes à pénis ne sont pas non plus des héro·ïne·s adroit·e·s et expérimenté·e·s qui doivent mener la danse parce qu’iels possèdent un pénis (quel est donc cet organe génital qui possède autant de qualité à lui-seul voyons ? /s)… La pression sociale et de l’entourage existe aussi de chaque côtés. Et puis la première fois peut être entre deux femmes, deux hommes, des personnes non-binaires, à plus de deux d’ailleurs… on s’en fiche du genre et du nombre en réalité, du moment qu’on est toustes en confiance et que le rapport se passe bien !
Aussi, n’oublions pas que la virginité est un concept, ça n’existe pas !
Ça ne repose sur aucune base biologique donc scientifiquement prouvée (c’est culturel, religieux, social…). Le stéréotype affirmant que l’hymen de la personne à vulve se « déchire » par la pénétration de la personne à pénis est le cliché le plus ancien (et faux) sur la première fois : il est sexiste et LGBT+phobe. Une personne à vulve peut avoir ou non un hymen, la taille et la forme sont variables et celui-ci s’étire plutôt que se déchire (l’hymen est une membrane élastique et flexible).
D’ailleurs la première fois n’a aucun rapport avec la pénétration phallique.
Une première fois peut se faire uniquement avec des sex-toys, des langues, des doigts… Ce sont diverses pratiques sexuelles. La pénétration (avec un pénis, des doigts, des sex-toys…) est une pratique sexuelle comme une autre. Lorsqu’on fait sa première fois on peut préférer d’autres pratiques comme la position sexuelle du 69, la fellation, la masturbation mutuelle… Point. La pénétration n’est pas une finalité ni le but ultime d’un rapport sexuel ! Les personnes qui disent n’avoir jamais fait leur première fois, même après diverses relations sexuelles sans pénétration phallique sont à côté de la plaque. Ou du moins, il serait intéressant d’aller se demander si leur conception de la virginité leur appartient ou si elle suit seulement ce que la société leur a dit de penser.
Mais ne nous attardons pas trop sur la déconstruction des stéréotypes sexistes et hétéronormés entourant la première fois, car ce n’est pas le sujet (on en parlera certainement une prochaine fois !).
Ça vous dit quelque chose, la première fois symbolique ?
Je vais vous expliquer la différence immense entre une première fois symbolique et une première expérience sexuelle (communément appelée « première fois »).
En fait en société, quand on parle de première fois on parle de première expérience sexuelle tout simplement (environ 17 ans en France, peu importe le genre). La distinction réside dans l’appréhension, les sentiments associés, l’expérience de vie, les choix personnels… Par exemple, une première expérience sexuelle peut nous laisser un goût très fade ou des regrets.
Après tout ce n’est qu’une expérience.
Cependant, une première fois symbolique ou « vraie première fois » comme certain·e·s aiment à l’appeler est positive et nous laisse de beaux souvenirs : la découverte de l’orgasme avec un·e partenaire, la nuit de noce, la conception d’un·e futur·e enfant, une relation sexuelle en particulier avec une personne qu’on affectionne particulièrement… Ici le terme « symbolique » est forcément bienveillant. Cela permet de combattre les clichés et de se sentir mieux avec soi-même, ou tout simplement d’avoir le choix de sa première fois (souvent imposée par la pression sociale) parmi diverses expériences sexuelles. La société et les pensées stéréotypées d’autrui peuvent rendre notre première expérience sexuelle dictée, schématisée… Il n’y a pas de honte à ne pas l’avoir apprécié. Et puis sérieusement, qui n’a pas de première fois symbolique à raconter, qu’on en fasse un best-seller ?
Article rédigé par Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) | @__niena__
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