Est-ce que vous saviez qu’il existe diverses orientations sexuelles ? Oui ? Bon jusqu’ici ça va on ne risque pas de se perdre. Mais est-ce que vous saviez qu’il existe aussi des orientations romantiques ? Hein ? Quoi ? Et aussi des orientations relationnelles ?! Mais quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette sorcellerie ?! On se calme.
On va se centrer sur la différence entre orientation sexuelle et romantique aujourd’hui pour comprendre ce qu’est la variorientation. Pas de panique, je vais vous expliquer tout cela… et en ce qui concerne les orientations relationnelles, ce sera pour un autre jour peut-être. Chaque chose en son temps ! Mais si vous êtes trop curieuxses, j’ai créé une publication sur mon compte qui vous en parle : ICI
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Pratiquer le sexe avec soi-même ou autrui n’est pas une obligation !
Aujourd’hui plus que les autres jours (ne cherchez pas pourquoi ahah) j’en ai un peu beaucoup marre de cette société patriarcale et de la foutue croyance que toutes les relations dites « sérieuses » (e.g. couple, relation libre, relations polyamoureuses etc.) sont romantico-sexuelles. Engendrant ainsi des injonctions à la sexualité quand on affectionne quelqu’un·e. Puis cette pression constante à avoir des rapports sexuels pour être « normal·e » ou pour prouver qu’on est « un vrai couple » beurk. C’est insupportable et dangereux ! La sexualité avec autrui ou soi-même, ne sera jamais une obligation pour garantir le bon fonctionnement d’une relation ni votre bonne santé. Nous pouvons être dans n’importe quel type de relation dite « sérieuse » (ou pas d’ailleurs) sans pratiquer de sexe avec autrui. La relation sera tout aussi fonctionnelle et légitime que les genstes qui pratiquent le sexe… il n’y a aucune obligation.
Pourquoi vaut-il mieux dire « attirance romantique » plutôt qu’« amour » ?
Sinon, pourquoi j’utilise plusieurs termes pour parler des sentiments dits « amoureux » ? Eh bien parce que chacun·e ressent l’amour à sa façon et qu’il n’existe pas qu’une manière d’aimer (si vous voulez vous déconstruire sur les sentiments au pluriel c’est par ICI ).
Revenons à la langue française… Elle n’est pas vraiment riche en vocabulaire de ce côté… On peut autant dire « J’aime cette série » que « J’aime maon conjoint·e ! » vous voyez le problème ? Alors que chez nos ami·e·s anglophones on a « like », « love », « care », « fancy », « engage », « cherish » etc. qui peuvent tous dire « aimer ».
En France, les synonymes d’« aimer » comme « apprécier » ou « affectionner » etc. n’ont pas la même signification et ne veulent pas tous dire « aimer » comme on l’entend romantiquement, car ils ont une hiérarchie. La norme veut qu’on dise « Je t’apprécie » à un·e ami·e et « Je t’aime » à un·e amant·e. Et pas l’inverse oh surtout pas ! Sinon… sinon quoi ?! « Aimer » sera plus fort qu’« apprécier ». Or, ça ne devrait pas être le cas. Chacun de ces mots dans le fond signifie aimer et il serait plus inclusif pour les personnes sur le Spectre Aromantique d’utiliser le terme « affectionner » plutôt « qu’aimer ».
Et le problème, c’est que l’amour ce n’est absolument pas quantifiable, quand bien même la société tente de nous le faire croire.
« Aimer » n’est pas plus qu’« apprécier », « affectionner » ce n’est pas moins qu’« aimer » : c’est différent ou ça peut vouloir dire la même chose. L’amour/ l’affection n’est pas quantifiable, je le répète. Pour ma part, tous ces termes sont adaptés à toutes mes relations (même amicales et familiales). De ce fait, nous parlerons pour plus d’inclusivité d’attirance romantique et non d’amour ou de sentiments amoureux ! À différencier de l’attirance sexuelle, beaucoup de mes articles vous expliquent pourquoi ces deux attirances peuvent être liées sans pour autant être dépendantes l’une de l’autre.
Puis il existe des personnes aromantiques, qui n’ont pas d’attirance romantique ou très peu pour autrui. Mais ça ne veut pas forcément dire qu’iels n’aiment/ n’affectionnent pas mais surtout que les sentiments qu’iels ressentent pour l’autre ne rentre pas dans les cases de ce qu’on définit communément comme l’« amour ». Mais ça ne les empêche pas d’avoir des relations s’iels le souhaitent même « sérieuses » ! Non avions d’ailleurs parlé dans l’article « La Demisexualité, vous connaissez ? » des personnes ressentant de l’attirance sexuelle dans des cas rares, jamais ou très peu. Vous vous souvenez ? Si ça vous intéresse, c’est disponible : ICI . Peut-être que nous parlerons prochainement d’aromantisme. Ça vous tenterait ?
L’attirance romantique et sexuelle ne sont pas dépendantes l’une de l’autre…
L’attirance romantique et sexuelle peuvent donc être liées, mais ne sont absolument pas dépendantes l’une de l’autre. Nous pouvons parfaitement être hétérosexuel·le (être attiré·e sexuellement par un·e individu·e d’un genre différent) tout en étant bi-romantique (être attiré·e romantiquement par plus d’un genre). Les personnes pour qui l’orientation sexuelle ne concorde ou ne « matche » pas avec l’orientation romantique sont appelées des personnes variorientées. Et elles ont tout à fait leur place dans la communauté LGBTQIA + quand bien même la personne serait un homme cis hétérosexuel. S’il est bi-romantique il fait partie de la communauté. La variorientation a sa place dans cette communauté… surtout dans une société incapable de dissocier affection et sexualité avec autrui (pour faire simple).
Vous étiez-vous déjà demandé·e si vos orientations concordaient ?
On a tendance à inclure les orientations romantiques dans les orientations sexuelles. Argh ! Par exemple, les personnes non-variorientées (aussi appelées « périorientées ») ne vont pas distinguer les deux. Or, il serait temps de le faire. Par exemple : une personne non-variorientée/ périorientée dira « Je suis bisexuelle » en sous-entendant qu’iel est aussi bi-romantique, que cela est compris dans son orientation sexuelle. Mais ce n’est pas le cas. Orientation sexuelle et romantique sont distinctes. Si vous êtes donc non-variorienté·e/ périorienté·e, faites l’effort de distinguer bisexualité de bi-romantisme par exemple. Si vous êtes variorienté·e n’ayez pas peur de présenter vos deux orientations, votre orientation romantique n’est pas moins importante.
Car c’est souvent ce qu’on met de côté lorsque qu’on parle de ses orientations. Car la variorientation n’est pas très connue, médiatisée et beaucoup ne sont pas éduqué·e sur le sujet. On peut comprendre qu’une personne variorientée en ait marre de devoir répéter quinze fois qu’affection et sexualité avec autrui sont dissociables… Ah bon ?! Mais nan ?! Pas possible ? Bah si c’est possible et ces personnes existent… donc respectez-les un peu et ne niez pas leur vécu et leur existence entière. D’ailleurs je tiens à préciser que leur(s) coming-out sont tout aussi légitimes que ceux des personnes périorientées !
La variorientation fait partie de la communauté LGBTQIA+ !
Lorsque j’étais plus jeune -à cause des injonctions à la sexualité et des stéréotypes autour des personnes bisexuelles- je croyais être bi-romantique et hétérosexuel·le. C’est ainsi que j’ai découvert la variorientation. Bien-entendu en me déconstruisant et en comprenant qu’on n’était pas obligé·e de faire du sexe avec tel genre (les genstes ne sont pas des expériences sexuelles ?) ou tel genre pour confirmer telle ou telle orientation sexuelle, j’ai compris que j’étais bisexuel·le. Mais cette période était trouble et complexe. Et encore aujourd’hui, si une personne bisexuelle a une attirance sexuelle plus prononcée pour un genre, alors elle sera catégorisée comme homosexuelle ou hétérosexuelle (la biphobie u know) puis… bon… on s’en fiche de son orientation romantique hein ? /s
Je ne sais pas si vous comprenez cette réflexion et ce que j’essaie de dénoncer. Mais tout comme les personnes transgenres qui ne font pas de transition médicale, les personnes bisexuelles avec une préférence pour une genre différent du leur ou les polyamoureuxses etc. Les personnes variorientées avec pour orientation sexuelle la norme (hétérosexualité) sont souvent rejetées de la communauté et mise à l’écart. C’est inadmissible. La variorientation fait partie de la communauté peu importe les orientations de la personne. Tant que l’une entre dans la communauté LGBTQIA+. Vous pouvez faire partie de la communauté LGBTQIA+ si vous êtes non-hétérosexuel·le (orientation sexuelle) et/ ou non-hétéroromantique (orientations romantique).
Et pour les orientations relationnelles ?
Pour ce qui est des orientations relationnelles, elles ne sont pas prises en compte dans la variorientation car elles concernent le nombre de personnes pour qui vous pouvez avoir de l’attirance romantique ou de l’affection. Si vous êtes monoamoureuxse vous ne faites pas partie de la communauté LGBTQIA+ car c’est la norme, en revanche si vous être polyamoureuxse, ambiamoureuxse ou nonamoureuxse etc. vous en faites partie. Bien-entendu, il n’y a aucune obligation à faire partie de cette communauté. Vous pouvez avoir une/ des orientation(s) comprise(s) dans la communauté LGBTQIA+ et ne pas souhaitez en faire partie/ vous y identifiez ! C’est okay.
Donnons des exemples de variorientation et périorientation pour finir :
Vous êtes bisexuel·le/ bi-romantique et monoamoureuxse, vous êtes dans la communauté pour votre bisexualité/ bi-romantisme et vous êtes périorienté·e.
Si vous êtes hétérosexuel·le/ hétéro-romantique et polyamoureuxse, vous êtes dans la communauté pour votre polyamorie et vous êtes aussi périorienté·e.
Vous êtes homosexuel·le, aromantique et ambiamoureuxse, vous êtes dans la communauté pour toutes vos orientations et vous êtes variorienté·e. Vous comprenez ?
Toutes nos orientations ne sont pas dépendantes les unes des autres, qu’elles soient sexuelles, romantiques ou relationnelles. Et en avoir conscience c’est se donner la possibilité de pouvoir accueillir la diversité avec bienveillance, se déconstruire et lutter contre les discriminations.
Affectueusement vôtre,
Article rédigé par Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) | @__niena__