« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… ”
Est-ce que cette citation vous parle-t-elle ?
Entendue, écoutée, répétée… Encore et encore. Sans forcément penser à mal. Et pourtant… Ne serait-ce pas le début d’un conditionnement pour veiller à perpétuer l’espèce humaine en faisant des enfants ?
Se reproduire est une notion liée à l’instinct primaire. Aussi bien animal qu’humain. Avoir des enfants fait partie du cycle naturel de toute vie. Pourtant, en 2022, je rencontre de plus en plus d’individus qui ne souhaitent pas créer la vie. Groupe auquel j’appartiens. Mais je vais reprendre depuis le début et vous conter mon aventure périlleuse sur ma détermination, et ce, au travers des âges.
Déjà, bonjour ! Je m’appelle Victorine et je vais bientôt avoir 36 ans ! Fait qui a une importance capitale dans le cours de cette histoire, car j’en arrive à un timing critique où le monde ne m’embête (presque !) plus avec cette fameuse question :
“Tu ne veux pas d’enfants ?”
Avec ce petit air à la fois ahuri et condescendant… Seulement, pour en arriver à cette ère de sérénité, j’ai dû affronter de nombreux stades.
Pour commencer, je pense que c’est dans la période de l’adolescence que l’on se projette dans sa vie d’adulte. Oui, les premières amourettes, les premiers rêves de famille, etc. Dès ce moment-là, je savais que j’avais certaines envies bien arrêtées pour la future “moi” mais avoir des enfants ? N-O-N… Ou, du moins, utiliser mon utérus comme poche de gestation = nop…
Ne me demandez pas pourquoi je ne veux pas d’enfants dans mon utérus, je ne saurais vous apporter de réponse.
C’est ainsi, un acquis bien ancré dans mon esprit et dans mon cœur, il était hors de question que je tombe enceinte. Par contre, soyons clairs vous et moi, je n’ai aucun souci avec les enfants. J’apprécie leur compagnie, j’ai même ce “truc” avec eux, je me montre même très protectrice avec les progénitures des autres. En bref, je me sens tout à fait à l’aise avec les humanoïdes miniatures.
Les années passant, ma première “grande” relation arrive au début de ma vingtaine. La relation s’éternise, résiste, prouve qu’elle existe et c’est là que le début du calvaire commence… Une belle-mère qui a hâte de devenir grand-mère, sans me demander si j’ai le désir de devenir mère, avec des rappels quasi-quotidiens sur ses projets concernant sa descendance. Rétro-planning à l’appui ! A l’époque, je devais freiner mon hystérie pour ne pas me mettre à hurler que j’avais le droit au chapitre car, au final, c’est mon corps, c’est ma vie ! POINT ! Donc, je mettais en place toutes les techniques de méditation connues pour ne pas étriper belle-maman… Malheureusement (ou fort heureusement pour mes nerfs), cette relation s’est soldée par une rupture.
S’en suit alors une longue étape de célibat de 28 mois. Autant vous dire que mon cher entourage n’a pas lâché l’affaire :
“Non mais il serait peut-être temps de te remettre en couple, non ? Parce que c’est maintenant qu’il faut avoir des enfants… ”.
Mais de quoi je me mêle ? Et qu’est-ce que ça veut dire “c’est maintenant qu’il faut avoir des enfants” ? Parce qu’il y a un âge pour ça ? Désolée, mais les hautes instances de la procréation ne m’ont pas envoyé de mode d’emploi avec l’apparition de mes premières menstruations… Et là aussi, j’avais beau dire que je me sentais bien seule, RIEN n’y faisait… Vouloir rester seule ne semblerait pas être sain… Non mais sérieusement ?
Puis, à l’aube de ma trentaine, je rencontre la perle qui partage encore mon existence actuellement. Et, ô miracle, nous sommes sur la même longueur d’onde concernant ce sujet crucial. Merveilleux, que demander de plus ? Ah oui, je sais… Que l’on nous foute la paix… Car, après quelques mois, le temps que l’évidence de notre bien-être mutuel en couple devienne réel, et bien, ça n’a pas loupé ! La famille, les amis parents “bienveillants”, même des inconnus ( ! ) se permettaient de faire des réflexions sur l’équation tas30ans²/pasdenfantsencore. Ma moitié, du genre calme à toute épreuve et d’un flegme sans limite en société, a un jour dit “STOP”. C’est sorti comme ça, d’un coup, comme le pus d’un abcès percé.
Et ce “STOP” a été ma consécration.
Là où mon cercle ne m’entendait pas malgré mes répétitions tenues sur le sujet, il l’avait écouté, amenant ainsi le répit de cet éternel questionnement sans fin : “les enfants, c’est pour quand ?”.
Aujourd’hui, c’est clair comme de l’eau de roche pour tous que nous ne souhaitons pas connaître les “joies” de la maternité/paternité telles qu’elles sont conçues dans la conscience collective. Peut-être y aura-t-il des regrets ? Peut-être pas ?
Cela dit, plus je m’assagis (vieillis), et moins cette interrogation me pèse. J’ai fait un choix, que j’assume pleinement, même s’il n’est pas compris et/ou accepté. Le fait de ne pas éprouver ce désir m’a également confronté à des remises en question : est-ce normal ? J’ai donc demandé à ces amis parents de m’expliquer leurs ressentis. Les Vénusiennes m’ont décrit une espèce d’obsession, que toutes leurs pensées étaient tournées vers cette idée fixe et que c’était devenu un besoin vital. Les Marsiens m’ont plutôt parlé d’un concept de continuité dans leur lignée.
Pour conclure cet article, je dirais que les mentalités commencent à changer sur un ensemble de sujets et celui-ci en fait partie. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Le plus important est que vous vous sentiez en adéquation avec vos désirs et vos envies. Et surtout, ne laissez personne vous faire croire le contraire.
Devenir parent n’est pas une norme, c’est une responsabilité qui se prend à perpétuité.