J’exige que toustes entendent mon NON.

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Je veux que l’on entende mon non. D’ailleurs, je ne le veux pas.

Je l’exige.

Aujourd’hui, je me rends compte de quelque chose. Quelque chose que je savais au fond de moi, sans jamais vraiment le conscientiser. Et ce quelque chose me terrifie. J’ai envie d’en parler parce que je crois que nous sommes un certain nombre à vivre la même chose. J’ai envie d’en parler puisque j’étouffe de ne pas le faire. Allez, je me lance.

J’ai peur de dire non. 

J’ai peur de dire : « Non, je n’ai pas envie. » J’ai peur de dire : « Non, je n’ai pas envie de faire l’amour. » 
Mais pourquoi ? Je suis une femme forte, indépendante, féministe, déconstruite et pourtant j’ai peur

J’ai peur des conséquences. Parce que j’ai l’impression qu’au lieu d’être un point final, le non est toujours un commencement. 

Premièrement, (et malheureusement) j’ai peur qu’il ne soit pas respecté. Tout simplement. J’ai peur qu’il soit contourné et que l’on me force. Brutalement, violemment, mais aussi insidieusement. Demander 17 fois jusqu’à ce que je craque, par exemple. Je me rappelle très bien le jour où j’ai entendu : 

Consentir n’est pas désirer. 


On peut finir par dire oui parce qu’on n’en peut plus. Mais on n’en a toujours pas envie en réalité. On peut dire oui, car l’on a peur des représailles. Big up aux monstres qui ont déjà dit « Si tu ne veux pas, un.e autre le voudra. »


Deuxièmement, j’ai peur que mon non soit discuté. « Mais pourquoi tu ne veux pas ? » 

Je crois que c’est ce qui me fait le plus peur. De devoir argumenter pourquoi je n’ai pas envie. Est-ce que je dois avoir une raison ? Est-ce qu’un non ne suffit pas ? La vraie question, c’est « Depuis quand un non ne suffit plus ?« .

En général, les personnes qui discutent le non, ne sont pas malveillantes. Elles veulent comprendre. 
Mais moi, j’aimerais qu’elles comprennent que discuter un « non, je n’ai pas envie d’avoir des relations sexuelles » est terriblement problématique. Et ça me terrifie. 


Où est la limite entre je discute le non, pour le comprendre, et je refuse le non ? 


Je n’en sais rien et c’est ce qui me fait peur. Quand on discute mon non, je me sens abusée, non respectée, forcée. Parce que je dois expliquer quelque chose d’inexplicable. Comme si je ne pouvais pas juste ne pas avoir envie. Qu’il y avait forcément un problème. 
Ce n’est pas un problème de ne pas avoir envie de faire l’amour. Même si avant on avait envie. Même si après on aura peut-être envie. Et surtout, même si on aime.
J’ai peur de dire non, car je me rends compte qu’il n’est jamais entendu. Alors une grosse partie de ma vie, j’ai dit oui. Pour éviter tout ça. 

Une grande partie de ma vie, j’ai basé ma sexualité sur cette phrase (qui devrait être interdite, car elle donne envie de vomir) :

La faim vient en mangeant !

Je me disais que ce n’était pas si grave de se forcer un peu. Puisque après, c’est bon en général. Mais vous savez quoi ? C’est grave. C’est vraiment grave. On n’a pas de relation sexuelle pour faire plaisir, pour être tranquille, parce qu’iel est quand même très attentionné.e en ce moment et qu’iel mérite quand même… En réalité, on a des relations intimes parce qu’on en a envie.

Aujourd’hui, je ne veux plus dire oui quand je pense non. Aujourd’hui, je ne veux plus culpabiliser de dire non. Ce n’est pas à moi de gérer la frustration de l’autre. La sexualité est partagée quand elle est consentie et désirée. La frustration fait partie de la sexualité. Et je ne suis pas consentante à la subir parce qu’elle ne me concerne pas. J’ai simplement dit non. Ni plus, ni moins. 


J’ai envie que l’on entende mon non. Tel qu’il est. Une fin. Pas un début
Je suis une femme, je ne suis obligée de rien. Célibataire, en couple, en relation, amoureuse ou autre.

Quand je dis non, c’est non. Ce n’est pas le début d’un débat. 
Je ne veux plus avoir peur de dire non. Jamais

Et j’espère que toi non plus.

Article rédigé par Gaëlle.

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