Le Humping, vous connaissez ?

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Aujourd’hui, je vais vous parler d’une pratique sexuelle que beaucoup doivent connaître et pratiquer sans en avoir forcément conscience : le humping ! Dis comme ça, c’est très mystérieux ! Mais rassurez-vous lecteurices perplexes, cette pratique n’est pas extravagante, mais au contraire elle est plutôt banale. D’ailleurs, elle est même pratiquée dans l’enfance lors des premiers instants de masturbation. Comment ça ?! Qu’entends-je ?! Les enfants ont une sexualité ?! C’est n’importe quoi voyons ! /s Eh bien si beaucoup, avec elleux-mêmes évidemment. Et il va falloir vous y accommoder… Car on dédira une partie de la découverte de cette pratique sexuelle à la sexualité infantile : qui est auto-érotique bien-entendu. 

Pourquoi cette pratique sexuelle est taboue et méconnue ? 

Cette pratique sexuelle est taboue et méconnue parce qu’elle n’implique pas de pénétration (que ce soit avec des objets, des doigts, des langues, des pénis etc.). Ça parait un peu juste comme justification à sa méconnaissance, mais je vous assure que beaucoup de pratiques sexuelles sont méconnues. Car elles ne rentrent pas dans le moule des pratiques dites « normatives » acceptées socialement.

Nous vivons encore dans une société patriarcale qui n’envisage la sexualité que de façon hétérosexuelle, phallocentrée, où le plaisir de l’homme cisgenre est la priorité et où la course à l’orgasme devient une obsession. Nous rappelons (encore une fois) que toutes les pratiques sexuelles se valent et qu’on peut avoir une relation sexuelle en ne pratiquant que la masturbation mutuelle par exemple. Cela restera tout de même une relation sexuelle à part entière et elle ne sera certainement pas moins importante qu’une relation sexuelle avec pénétration, qui n’est qu’une petite branche de l’infinie possibilité de faire du sexe. 

De plus, le humping est encore cataloguée comme « préliminaire ».

Ce pourquoi elle n’est pas prise au sérieux et est sans cesse reléguée au second plan. Pourtant, comme déjà expliqué, toutes les pratiques sexuelles sont au même niveau. Le mot « préliminaire » n’a plus de sens… car il sous-entendrait que certaines pratiques sont mineures et d’autres majeures. Et que les pratiques mineures prépareraient à la sacro-sainte pénétration (phallo-vaginale surtout) absolument irremplaçable, indispensable, exceptionnelle /i. Vous avez senti le ton ironique ? Évidemment, on n’a carrément pas besoin de la pénétration pour avoir un orgasme, passer du bon temps avec autrui et du coup, avoir une relation sexuelle satisfaisante.

Le terme « préliminaire » est stigmatisant et diminuant, car un nombre incalculable de personnes ont des relations sexuelles sans pénétration. Et elles n’aimeraient pas vraiment qu’on leur disent qu’elles ne font pas vraiment du sexe ou sont « vierges » (la virginité étant une construction sociale sexiste hein) parce qu’elles aiment les pratiques nonpénétratives, la plupart du temps ou depuis toujours. Il serait temps d’ouvrir les yeux sur la diversité des pratiques sexuelles et du comment avoir des relations sexuelles positivement, loin des injonctions patriarcales sexistes normées et LGBT+phobes. 

Je tiens aussi à préciser que certaines personnes ont des relations sexuelles par les caresses, les bisous et les massages. Ou n’ont pas de relations sexuelles. Vous trouvez ça étonnant ? Eh bien nous pas du tout. Avoir une relation sexuelle c’est très subjectif et cela ne veut pas dire la même chose pour chacun·e. Car non, nous ne faisons pas toustes du sexe de la même manière. Et nous ne faisons pas toustes du sexe. Si certaines personnes font du sexe avec des baisers langoureux : elles font du sexe. Point. 

Qu’est-ce que le Humping ou Dry Humping ? 

Le suspens a désormais trop duré avec cette introduction grande comme… mon divin esprit critique (vous vous attendiez à quoi les coquin·e·s ?). Du coup, il est temps de parler du Humping ou Dry Humping. Qu’est-ce que c’est ? C’est une pratique sexuelle consistant à frotter ses organes génitaux (ou des parties érogènes de son corps pour plus d’inclusivité) contre un objet ou saon/ ses partenaire(s). On peut classer cette pratique comme une forme de masturbation seule ou mutuelle. Il n’y a pas vraiment de traduction en français à part « faire du frotti-frotta ». Me connaissant -car je raffole des mots un poil gênants pour décrire certaines pratiques sexuelles- c’est bien un terme que je pourrais utiliser… mais pas avec n’importe qui bien-entendu. Cela consiste lorsqu’on est seul·e, à se masturber sans les mains ! C’est assez sportif et imaginatif quand on y réfléchit…  

Et c’est à cet instant que vient ma fameuse question :

Avec quelles pratiques sexuelles avez-vous découvert votre corps et votre sexualité avec vous-même ?

Je pose cette question, car en faisant quelques recherches sur internet, je me suis rendu·e compte que c’était une pratique sexuelle courante chez les jeunes/ les enfant·e·s qui se découvrent. Évidemment, tout le monde ne ressent pas l’envie de se masturber durant son enfance et/ ou son adolescence (voire même à l’âge adulte). Et c’est parfaitement okay ! La sexualité avec autrui et/ ou soi-même n’est absolument pas obligatoire ni n’est un besoin vital (les besoins vitaux étant de manger, boire et dormir par exemple). Je me souviens avoir découvert la masturbation vers 7-8 ans (ne vous exclamez pas, c’est un âge absolument normal) à travers cette pratique sexuelle, sans en avoir conscience. 

Les enfant·e·s peuvent se donner du plaisir en se touchant les parties génitales directement, mais aussi en les frottant contre des doudous, des coussins, des coins de chaises, la selle du vélo etc. Et il faudrait penser à casser ce tabou une bonne fois pour toute ! Et accompagner les enfant·e·s qui pourraient éventuellement se masturber, avec bienveillance de manière à les encadrer. Comme expliquer à l’enfant·e que se masturber est une bonne chose, mais qu’il faut le faire dans un endroit calme et privé (dans la chambre et pas au milieu de la rue par exemple).  

Rappel d’utilité publique sur le consentement… 

Je tiens à rappeler que le consentement est -comme pour tout acte sexuel et quotidien- nécessaire pour pratiquer le humping avec autrui. TW : Agression(s) sexuelle(s) TW : Viol(s)

Certaines personnes peuvent penser que comme cette pratique n’implique pas de pénétration, le consentement n’a pas d’importance (oui cette pensée est dangereuse je vous l’accorde). Mais je vous assure que si je vous en fait part c’est car je l’ai trop souvent entendu et lu. Quand votre partenaire dort par exemple, faire du « frotti-frotta » contre ellui est une agression sexuelle. Iel n’est pas en capacité de consentir : c’est non. Laissez-lea dormir !

Donc chèr·e·s lecteurices, si votre partenaire dort, non on ne lea réveille pas en se frottant contre ellui par exemple. Son corps ne vous appartient pas : iel n’est pas un objet. Si vraiment vous n’êtes pas capable de vous maîtriser, vous pouvez vous isoler dans une autre pièce (la salle de bain ?) pour vous masturber. D’ailleurs, les fameuxses « frotteur·e·s » (le terme exact est « agresseur·e ») des transports en commun, boîtes de nuit, bars etc. ne pratiquent pas le humpingiels agressent sexuellement

Je vous invite à utiliser les bons termes pour qualifier les agressions sexuelles. Quand on agresse sexuellement, on ne pratique pas telle ou telle pratique sexuelle avec autrui sans son consentement, on agresse sexuellement. Pratiquer le sexe avec autrui se fait à deux ou plus, avec le consentement libre, éclairé et enthousiaste d’absolument tout le monde. Si le non-consentement n’est pas respecté, bafoué ou ignoré ce n’est pas une pratique sexuelle « faite sans consentement » mais une agression sexuelle ou un viol. Je ne sais pas si vous saisissez la nuance mais elle est vraiment importante.

C’est exactement la même chose que de dire « Iel lui a fait l’amour sans consentement » vous comprenez la violence et le non-sens dans cette phrase ? La phrase correcte est « Iel l’a violé ». Et bien c’est pareil avec les agressions sexuelles en tout genre peu importe la façon dont l’agresseur·e s’y prend. « Iel a agressé sexuellement » pas « Iel a pratiqué sans consentement » ! Retenez bien cela. 

Vous êtes-vous rendu·e compte que vous pratiquiez le Humping ? Sans avoir conscience que c’est de cela dont nous allions parler… surprise !

Refermons cette parenthèse d’utilité publique pour continuer sur la sexualité infantile auto-érotique. Pourquoi préciser auto-érotique ? Parce qu’un·e enfant.e n’est pas en capacité d’avoir des relations sexuelles avec autrui (c’est un·e enfant·e hein) : iel ne peut pas consentir. Mais iel est depuis bébé, capable de se toucher et reproduire des sensations connues agréables. Nous parlons de cela. Bien que cette recherche de plaisirs ne représente pas tout le monde, je tenais à en parler. Car cette exploration personnelle est encore et toujours ignorée, moquée, punie voire humiliée. Ce pourquoi beaucoup d’entre-nous ont même oublié avoir pratiquer en solitaire le humping lors de leur enfance. Car cela était synonyme de honte.

Sachez qu’il est parfaitement normal de se masturber lors de son enfance. Tout comme il est parfaitement normal de ne pas le faire. Si vous l’avez fait, soyez fièr·e de vous car vous étiez des petit·e·s curieuxses. Et si vous ne l’avez pas fait, n’en avez pas le souvenir, ce n’est pas grave, car vous connaissiez sûrement très bien votre corps et vos non-envies. Chacun·e avance à son rythme. 

Après la lecture de cet article, vous êtes-vous rendu·e compte que vous pratiquiez le humping dans votre vie d’adulte ? Que vous le pratiquiez dans votre enfance de manière auto-érotique ? Je serais curieuxse de voir vos réactions en vrai, mais je me contenterai de les imaginer. 

On peut le pratiquer habillé·e : pratique quand on est pressé·e !

Pour finir, car je crois que ce sont les seules choses que j’avais à dire sur le humping… ah non ! Encore un petit point ! Vous n’êtes pas obligé·e de vous déshabiller pour le pratiquer ! Oui, c’est sur ça que je vais finir. Parce que c’est pratique quand on y pense. On n’a pas besoin d’enlever ses vêtements, donc c’est plus rapide… C’est une pratique sexuelle à privilégier pour les personnes en relation(s) qui ont des emplois du temps de ministres ! Je dis ça je ne dis rien… Et pour celleux qui n’avaient jamais pratiqué, ça vous tente désormais ? En solitaire ou à plusieurs ? En tout cas, j’adore ça ! Et avant d’écrire cet article, je ne savais même pas que cette pratique sexuelle que j’apprécie tant avait un nom. Comme quoi on en apprend tous les jours et il n’y a pas d’âge. J’espère que ça vous aura instruit, intéressé et permis de vous ouvrir l’esprit sur une sexualité positive, féministe et bienveillante.   

Article rédigé par Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) | @__niena__

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Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy (iel) pour vous servir ! Étudiant·e en Licence de Psychologie/ Stagiaire en Institut de Praticien·ne en Santé Sexuelle et Sexothérapie/ Intervenant·e LGBTQIA+ en milieu scolaire et Porte-Parole pour l'association MAG Jeunes LGBT+/ Militant·e féministe pro-convergence des luttes Queer/ Rédacteur·ice pour le magazine Le Cul Bordé de Nouilles.

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