ArtoSexe #2 : « Who run the world? »

Alicia Framis

À l’heure des #balancetonporc, #metoo ou des débats harassants sur le port du voile dans l’espace public, le corps de la femme est au centre de l’attention. C’est pourquoi l’artiste espagnole Alicia Framis décide de questionner notre société et ses comportements vis-à-vis du corps féminin.

J’ai découvert Alicia lors d’une foire d’art contemporain : Art Basel en Suisse. Au milieu de centaines d’œuvres exposées sur des centaines de mètres carrés (un vrai dédale, je vous assure), de grands draps transparents étaient suspendus, portant la mention « Is my body public ? ».
Résultat d’une performance soulevant bien plus que des questionnements passifs (de réels problèmes, vous en conviendrez), je vous emmène cette fois-ci vers une œuvre à la croisée de la mode et de l’art contemporain.

Alicia Framis, Is my body public? , 2018, Madrid
© Alicia Framis

Mon corps est-il public?

La performance Is my body public ? rassemble 15 (magnifiques et différentes) demoiselles portant chacune une robe. Mi-lingerie par sa transparence, mi-banderole de manifestation par sa forme, elle se drape autour du corps, sans en dissimuler ses courbes. Dans les rues de Madrid, toutes défilent au milieu des passant.e.s, demandant en 15 langues différentes : mon corps est-il public ?

Élémentaire mon cher Watson!? Pas tant que ça, non !

Agressions sexuelles, violences et intimidations envers les femmes mènent Alicia à explorer les frontières de nos corps. Who run the world ? Eh bien justement… alors que Queen B le chante haut et fort, l’artiste exprime par l’art son engagement face aux comportements qu’elle juge inacceptables. La femme, ses manières de se comporter ou de s’habiller, sont constamment commentés, critiqués, exposés dans les débats publics. Où se trouvent les limites du privé et du public, alors même que nos mouvements – physiques et digitaux – sont constamment sous le feu des projecteurs ?
Big Brother is watching us…

Mais encore…?

Alicia transgresse, prend à bras le corps ces comportements et les met à mal en les confrontant directement à l’espace urbain et ses potentiels détracteurs. Quelque part, notre corps est ce que nous voulons bien en faire, le rendre public ou privé. Mais ce qu’elle nous rappelle ici (et je la remercie), c’est qu’il n’appartient pas aux autres d’en décider pour nous.

En d’autres termes, Alicia soulève des questions, mène à des réflexions, propose des réponses. Et ça fait du bien !

Pour aller plus loin, Alicia a œuvré sur le même sujet à travers Lifedress (2018), des robes créées à partir d’airbags de voitures… ici !

Je vous invite à parcourir son site et ses œuvres étonnantes : http://aliciaframis.com.mialias.net/

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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