Artosexe #3 : Petit Théâtre du Désir

Rebecca Horn

« Mon premier c’est désir, mon deuxième du plaisir, mon troisième c’est souffrir… » chantait Laurent Voulzy. Ces quelques mots pourraient faire écho aux premiers travaux de l’artiste allemande Rebecca Horn : plongée dans un univers surréaliste aussi glaçant que sensuel. Voyons comment (re)découvrir le désir par les créations d’une femme ayant eu l’audace d’y révéler ses propres fantasmes!

Née à la fin de la seconde guerre dans une famille de fabricants de textile, le monde de Rebecca se révèle par le prisme d’un événement traumatisant. Suite à une intoxication pulmonaire due aux matériaux toxiques utilisés pour faire des moulages de son corps, la jeune femme passe 18 mois confinée dans une chambre d’hôpital (chouette ambiance). Cette période de convalescence la mène à utiliser son enveloppe meurtrie comme sujet et matière. Ainsi, elle se crée de surprenantes prothèses

Rebecca Horn. Licorne, 1970 | Fingerhandschuhe, 1972
© Rebecca Horn

Je vous rassure, rien à voir avec les créations du Dr Frankenstein (ouf !). Mais c’est bien l’univers médical muni de bandages et machines qui la bouleverse. Rebecca dessine et façonne des extensions de son corps, le transformant en instrument de situations érotiques, sensuelles ou violentes. Corsets, gants, coiffes, masques, éventails, viennent souligner la fragilité du corps, et le métamorphoser.  

Montre-moi tes ailes !

Rebecca Horn, still from Performances II, 1973, showing Cockatoo Mask
© Rebecca Horn

Avec Cockatoo Mask, deux ailes semblent embrasser et couvrir un trésor. Utilisé lors d’une performance en 1973, l’écrin de plumes rose poudré renferme le visage de l’artiste. Dans un jeu érotique, l’amant doit séparer et ouvrir délicatement les deux ailes. Ainsi, elles se déploient comme celles d’un oiseau, avant de se refermer sur leurs deux visages (c’est doux, c’est calin). Le heaume de plumes isole le couple de ce qui les entoure, les obligeant à se découvrir durant un instant d’intimité intense. Entre humain et animal, désir et jouissance, Rebecca invite à la redécouverte du corps et des rapports humains.

Mais si une certaine sensualité se dégage, la proximité contrainte par la machine crée aussi une tension, un malaise, qu’il ne faut pas ignorer. Inquiétude et souffrance sont une autre facette de son travail, qui laisse toujours un sentiment ambigu à la vue de ses œuvres.

Mais encore…?

Rebecca Horn, La douce prisonnière, 1978

Un article ne suffit pas à décrire l’univers foisonnant et complexe de Rebecca Horn, mais si j’ai pu attiser votre curiosité, vous ne serez pas déçu.e.s du voyage ! Et il est à portée de clic !

D’abord, il existe un site officiel, mais je vous avoue qu’il est très restreint. Vous pouvez y accéder ici.

Ensuite, pour celles et ceux qui en auraient l’occasion, une (rare) rétrospective de son travail est actuellement visible au Centre Pompidou – Metz, jusqu’au 13 janvier 2020. J’ai eu la chance de pouvoir la voir, et je vous conseille d’y aller : c’est un voyage bouleversant.
Vous pouvez consulter les informations sur l’exposition en cours ici.

Pour en savoir plus, je vous conseille le dossier de presse du Centre Pompidou – Metz, « Théâtre des Métamorphoses« , qui est très bien fait. Plongée dans son univers garantie ! Vous pouvez le télécharger ici.

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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