Cet article est le deuxième d’une série consacrée aux cycles menstruels. Le premier vous explique le fonctionnement des cycles, ses phases et leurs implications dans le processus de reproduction. Seulement, il ne suffit pas de comprendre la manière dont les corps dotés d’utérus permettent d’enfanter. Ce n’est pas la seule conséquence des cycles menstruels et une grande partie de celles.eux qui le vivent le savent. Il y a aussi les maux de dos, de ventre, les crampes, l’émotivité, l’anxiété, la fatigue, la faim, l’insomnie… Ces symptômes prémenstruels sont appelées dysménorrhée. Pour 1/3 des personnes ayant un utérus fonctionnel, ils sont si sévères qu’on parle de SPM, syndrome prémenstruel !
Qu’ils soient sévères ou non, ces symptômes dus aux cycles menstruels impactent la vie, l’humeur et le corps de la personne qui en souffre. Je vous annonce aussitôt la couleur. Jusqu’à très récemment, les milieux scientifiques n’ont pas jugé digne d’intérêt de mener des recherches sur le sujet. Aujourd’hui de plus en plus de personnes qualifiées s’y intéressent. Cependant, les symptômes ressentis durant les cycles menstruels sont invisibilisés par des normes qui ont la vie dure ! On a tellement répété aux personnes concernées qu’il était « normal » que les règles soient pénibles, que les symptômes sont vécus comme « un mal nécessaire » et par extension, cela rend les recherches sur le sujet compliqué. Ce pourquoi il est aussi important de libérer la parole !
Symptômes prémenstruels : un appareil reproducteur, mais à quel prix ?
C’est vrai. Les cycles menstruels, ce mécanisme de reproduction, sont une aubaine pour les personnes qui souhaitent enfanter. Mais c’est aussi un immense calvaire, il faut le dire ! Concrètement, les syndromes dus aux cycles menstruels sont nombreux et leurs causes sont globalement méconnues. Par conséquent, très peu de traitements permettent de soulager les personnes souffrantes. Pourtant, ces douleurs physiques et ces symptômes émotionnels concernent environ 80% des propriétaires d’utérus fonctionnel. -statistique issue du magazine n°51 – Santé gynécologique La fin des tabous ? de l’Inserm –
Symptômes prémenstruels et diagnostique du SPM
La liste des symptômes est compliquée à dresser en raison de leur diversité et du manque de connaissance sur le sujet. Sans oublier qu’ils varient d’une personne à l’autre et même souvent d’un cycle à l’autre chez une même personne.
Voici donc une liste non exhaustive des symptômes prémenstruels :
- Fatigue, insomnie, difficulté à s’endormir
- Au contraire le fait de dormir abondamment
- Problèmes digestifs
- Douleurs aux dos, au ventre, aux seins, à la tête
- Fringale
- Rétention d’eau
- Ballonnement
- Crampes abdominales
- Tristesse, colère, irritabilité, anxiété
- Accès de pleurs
- Difficultés à se concentrer
- Dépression
Ces symptômes surviennent entre 2 à 14 jours avant le début des menstruations et peuvent encore se prolonger 1 à 2 jours après. La médecine considère qu’il s’agit d’un syndrome prémenstruel lorsque les symptômes ont lieu durant la plupart des cycles sur une année et qu’ils sont sévères au point de perturber les activités et fonctions quotidiennes.
Quelques pistes (tout de même) sur les causes des symptômes prémenstruels
Sont suspectés de jouer un rôle :
- les hormones sécrétés durant le cycle menstruel. En particulier ceux relatif à la phase lutéale. Je te renvoie à cet article pour comprendre les différentes phases du cycle menstruel. Il semblerait que certains symptômes psychologiques s’expliquent. Ils seraient dus à une réaction chimique du cerveau face à un taux d’œstrogène trop élevé par rapport au taux de progestérones.
- Une carence en sérotonine, une molécule en partie responsable de la communication entre les neurones.
- Une prédisposition génétique.
- L’hygiène de vie : fumer, manquer de sommeil, alimentation trop riche en caféine ou en alcool, etc.
Mais vous l’aurez compris, ce ne sont que des hypothèses plus ou moins avérées selon les cas. Rien ne nous permet d’affirmer pourquoi certaines personnes ont des symptômes plus prononcés que d’autres. Certains individus (5% selon l’Inserm) développent même une forme très avancée de SPM : appelée trouble dysphorique prémenstruel. Là encore les causes de ce trouble restent flou et par conséquent il n’existe aucun traitement réellement adapté. Pourtant, ce trouble est composé de symptômes se rapprochant fortement de ceux de la dépression, impactant donc drastiquement la vie des personnes concernées.
Il est urgent de faire avancer nos connaissances
Vous aussi vous êtes concerné.e.x par ces symptômes ? Même s’ils vous paraissent bénins et qu’ils ne semblent pas impacter votre quotidien, le Cul bordé de nouilles a un conseil pour vous. Prenez le temps de tenir un journal des symptômes que vous éprouvez et allez consulter un.e spécialiste (gynécologue, médecin) si vos symptômes sont pénibles. Plus nous libérons la parole dans l’espace public, dans la médecine et dans l’intimité, plus les symptômes serons reconnus et étudiés. Et enfin, nous en apprendrons plus sur les causes de ces maux, j’en suis convaincue !
Pour ma part, j’ai téléchargé une application (Flo). Elle me permet de répertorier mes symptômes et de tenir un calendrier de mon cycle. J’apprend enfin à dénormaliser le fait de pleurer pour rien. Le fait de remettre toute ma vie en question. Le fait d’avoir les seins ultra tendus, d’être hypersensible, etc. Et cela à peu près 5 jour par mois à cause de mon (p*tain de) cycle menstruel ! Mais surtout, apprendre à se connaître permet de trouver des méthodes plus efficaces pour soulager ses symptômes. D’ailleurs il existe tout de mêmes quelques approches pour tenter de réduire leur impact.
« En premier lieu, améliorer son hygiène de vie : veiller à son sommeil, pratiquer une activité physique régulière ainsi que des activités relaxantes, consommer moins de sucre et davantage de glucides complexes et de protéines, éviter la caféine et l’alcool. Des médicaments peuvent aussi être prescrits pour atténuer les douleurs (paracétamol ou anti-inflammatoires non stéroïdiens), diminuer la rétention d’eau (diurétiques) ou soulager les symptômes émotionnels (anxiolytiques). Par ailleurs, des traitements hormonaux soulagent certaines femmes, mais pas toutes. »
Inserm, #PayeTonCycle : C’est quoi le syndrome prémenstruel ?
Ce qu’il faut retenir
Pour finir, ne laissez personne -ni même un.e professionnel.le de la santé- vous dire si ce que vous ressentez est normal ou non. Si pour vous, les symptômes ne sont pas supportables ou même légèrement inconfortables : c’est qu’il y a un problème. Vous devez trouver de l’aide auprès des professionnel.le.s et iels doivent trouver des réponses à vos soucis de santé ! Les cycles menstruels ne sont pas censés être pénibles et ce n’est surtout pas un mal nécessaire !
D’autant plus que certains symptômes peuvent être le signe d’autres problèmes. Eux aussi dangereux pour la santé physique et psychologique. Eux aussi bien trop invisibilisés. On parle ici de douleurs pelviennes non liées aux règles, d’endométriose ou encore du syndrome des ovaires polykystiques. Pour en savoir plus sur le sujet, je cède ma place aux spécialistes. Je t’invite à lire le grand angle du magazine n°51, Santé gynécologique La fin des tabous ? de l’Inserm. Et maintenant que tu en sais plus sur les symptômes prémenstruels, n’hésite pas à en parler autour de toi et à nous partager ton point de vue dans l’espace commentaire.
Pour consulter le premier article sur la fonctionnement des cycles menstruels c’est par ici.
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rédigé par Manon Bojidarovitch