L’évolution des sextoys : histoire critique des objets de plaisir

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Avec l’importante popularisation de l’univers de l’érotisme et du plaisir ces dernières années, on peut se poser quelques questions. Depuis cette démocratisation, comment les sextoys ont-ils évolué ? Comment le marché s’est-il adapté à l’étendue de nos connaissances sur le clitoris ? L’utilisation de ces objets de plaisir est-elle aujourd’hui totalement déstigmatisée ? 

Alors qu’au début des années 2000 le marché du sextoy semble être réservé à une clientèle bien particulière, il devient aujourd’hui de plus en plus ouvert et ne cesse de se développer.

Pendant très longtemps, les objets de plaisir étaient principalement phalliques et destinés à la pénétration du vagin.

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Mesurant 20 cm et fait de grès ayant été longuement poli, il a été découvert dans une cave près de la ville d’Ulm, en Allemagne (28 000 ans av J-C)

Des godes en pierre polie datant de la préhistoire ont même été retrouvés, bien qu’il soit compliqué de savoir comment ils étaient utilisés. Vers les années 1960-1970, la production et la vente d’objets érotiques se concrétisent réellement. À partir de là, les jouets s’éloignent du réalisme et déploient des couleurs et des formes de plus en plus diverses, bien que le caractère pénétratif persiste. 

Mais qu’ils se destinent à un contexte conjugal ou bien à une utilisation solitaire, il est difficile de concevoir qu’une femme puisse se faire plaisir autrement que par la pénétration, les objets phalliques continuent d’être la norme. La pratique de la masturbation chez les femmes n’est envisagée que chez celles qui seraient en manque de verge et qui auraient besoin d’un “pénis de substitution”. Le monopole de ces objets phalliques véhicule la croyance selon laquelle les femmes seraient dépendantes sexuellement des hommes.

Une femme qui n’aurait besoin ni d’un pénis, ni d’un objet phallique, ça fait peur.

Dans les années 1970, la féministe américaine Betty Dodson encourage donc les femmes à la masturbation comme pratique émancipatrice de cette dépendance.

Longtemps connoté de façon plutôt négative, considérée comme sale, violente, dégradante, la culture des sextoys a pris ces dix dernières années un sacré tournant. Des designs de plus en plus recherchés, doux, lisses et colorés, des love stores lumineux, accueillants, qui ne se cachent plus (par exemple dans notre belle ville de Strasbourg, la merveilleuse boutique (Dé)boutonné·e·s), cette culture est aujourd’hui bien plus banalisée et normalisée.

Cette ampleur fulgurante a facilité pour beaucoup l’accès au plaisir.

Pourtant, encore aujourd’hui, nous pouvons interroger les codes et les normes de ce marché. Si ce dernier vise principalement les femmes, la société peine toujours à accepter qu’elles puissent se masturber et prendre du plaisir seule. Une très grande partie de cette industrie continue de véhiculer une certaine vision de la sexualité qui aurait pour préoccupation centrale la pénétration. Fort heureusement, de plus en plus de marques dirigées par des femmes voient le jour et proposent des produits davantage adaptés à l’anatomie et au plaisir féminin. Cette évolution va de pair avec l’intérêt grandissant envers le clitoris. S’il était encore très mal connu et compris il y a une quinzaine d’années, il prend aujourd’hui de plus en plus de place dans les discours. 

En 2012, un couple allemand découvre dans une étude la difficulté des femmes à obtenir des orgasmes et décide de créer un sextoy qui s’adapterait davantage à leur anatomie et son fonctionnement, en se concentrant sur la stimulation du clitoris. Cet organe était en effet souvent négligé par la plupart des sextoys, bien qu’il existât déjà des objets vibrants ou des rabbits, ces derniers n’offraient pas une stimulation optimale.

Le couple Lenke lance alors le premier Womanizer en 2014, avec sa technologie brevetée Pleasure Air.

Plus doux, moins intrusif et tout sauf phallique, le Womanizer et ses pulsations d’air ont véritablement révolutionné l’industrie, mais aussi le plaisir de personnes possédant un clitoris. 

Womanizer® lance le womanizer 2GO
Womanizer 2 GO

Pour celles et ceux qui n’en n’auraient pas encore entendu parler, le principe de ce sextoy est de proposer une stimulation sans contact, c’est-à-dire que l’on place le clitoris dans le petit trou du jouet qui possède une membrane qui fait vibrer l’air. Sans l’irriter, ces ondes viennent stimuler le clitoris en profondeur en augmentant le flux sanguin (on rappelle que le clitoris est composé notamment de corps spongieux qui se gorgent de sang avec l’excitation). Enfin un sextoy réellement pensé en fonction de l’anatomie du clitoris. Bien entendu, d’autres marques se sont inspirées de ce succès : Satisfyer, Lelo et encore plus récemment le Obii. Ce petit dernier encore plus discret avec sa forme d’oiseau pourrait d’ailleurs être mépris pour une lampe de chevet ou un petit objet de décoration. Ces objets paraissent moins intrusifs, moins intimidants et sont réellement pensés en fonction de la façon dont les personnes avec un clitoris jouissent. 

En somme, il existe des jouets pour tous les plaisirs possibles, alors on ne peut que vous inviter à découvrir ce monde florissant ! N’hésitez pas à aller voir nos articles à ce sujet : ICI !

Elise Kobler

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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