Les filtres, ça enlève le goût des hommes et des clopes.

Les Amuse-Bouches: une nouvelle catégorie de textes qui parlent de sexe par le prisme de la fiction. Aujourd’hui, on vous parle de retrouvailles.

« – C’est un peu gênant non ? Enfin, si j’avais su que t’étais invitée aussi, je
ne serais probablement pas venu. J’ai pas envie de t’embarrasser.
– Je trouve ça plus étrange que gênant à vrai dire. Ne t’inquiètes pas, tout va bien. Ça va toi ?
– Ça va ça va. Bon ok ça va pas trop.
– Tu veux en parler ? Tu sais, j’ai pas changé, je suis toujours une bonne oreille.
– Je sais que tu l’es, je sais. C’est juste que… je me suis tellement préparé à ce moment ! Je ne pensais pas que ça me ferait autant d’effet, c’est tout. Bref.
– Te préparer à quoi ? A venir à une soirée où tout le monde est bourré à minuit comme des collégiens ? Aha, moi non plus !
– Me préparer à te croiser à chaque coin de rue. J’ai beau l’anticiper, j’ai toujours la crainte (ou l’espoir ?) de te voir surgir à n’importe quel moment. C’est vraiment hyper
bruyant ici.
– On peut sortir si tu veux. J’ai besoin de fumer de toute façon, tu as une clope ?
– Oui ok. Tu veux que je te la roule ?
– Non, j’ai appris à le faire seule après toi. Mais … merci.
– Ouais, il fait carrément meilleur dehors. Je te préviens je suis un peu bourré, il n’y a pas que ta clope qui sera sans filtre.
– Les filtres, ça enlève le goût. Des clopes et des hommes. J’ai l’impression que tu as besoin de dire quelque chose.
– Rien que tu ne saches pas déjà.
– Ah, d’accord… Tu as l’air bien, tu es très beau.
– Tu l’es aussi, évidemment. Je suis désolé, je ne pas faire autrement que de te poser cette question: tu vois quelqu’un en ce moment ? Merde j’aurai pas dû te demander ça. Oublie.
– Aha ! Trop tard, tu l’as dit. On a vécu assez de choses ensemble pour te permettre de me poser des questions intimes ! Je ne vois personne de précis, personne de sérieux. La réponse te convient ?
– Je mentirai si je te disais que ta réponse ne me fait pas plaisir. Ça me soulage un peu, tu sais comment je me fais vite des films.
– Personne de sérieux, ça ne veut pas dire personne tout court. J’ai eu besoin de changer quand tu es parti, tu sais.
– Ok bon ça j’avais pas forcément envie de le savoir. Moi aussi tu sais.
– Moi non plus j’avais pas envie de savoir, finalement. Excuse moi, j’avais envie de t’attaquer … Tu m’as manqué, c’est tout.
– Je sais, je te connais. Si ça peut te rassurer, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à toi quand j’étais dans leurs bras.
– Je croyais que j’étais folle putain. À chaque fois, je les comparais à toi. A chaque fois, je me disais qu’il n’y avait personne qui pouvait …
– Qui pouvait quoi ? On marche un peu ? J’ai pas très envie d’y retourner, là maintenant. Et puis Paris est belle là.
– Laisse moi juste voler une bouteille de vin et j’irais marcher où tu veux. Même dans Paris.
– Haha, c’est vrai que tu fais ça. Tu peux prendre mon manteau au passage ?
– Bien-sûr. Je le reconnaîtrais sûrement à l’odeur. La tienne est toujours plus douce que les autres.
– Sentir de nouveau la tienne me fait replonger dans beaucoup de souvenirs. On marche le long du canal ?
– Prends moi le bras et emmène moi. Mes talons me font mal aux pieds. Alors, c’est quoi ton premier souvenir avec moi ?
– Le tout premier ? Mh, quand je t’ai vue arriver à la fac avec ton talon cassé en râlant contre tout le monde.
– Aha ! Super ! La première chose à laquelle tu penses est la grâce naturelle aha !
– Est ce que tu as envie de venir chez moi ?
– La vraie question c’est pourquoi je n’aurais pas envie de venir chez toi ?
– C’est l’alcool qui parle ou c’est toi ?
– Je ne sais pas si j’ai réellement envie de savoir. Et toi ?
– J’ai juste pas envie que tu le regrettes.
– Premièrement, c’est toi et moi. Et ça, ça change tout. Ensuite, tu m’as seulement proposé de venir chez toi.
– Oui ok, mais on a plus 16 ans, on sait bien ce qui va se passer. Non ?
– Non, on ne sait pas. Est ce qu’on va faire l’amour ? Est ce qu’on va baiser ? Est ce qu’on va dormir l’un contre l’autre ? On se sait jamais, tu sais. Ça dépendra de ce qui nous fera envie.
– Je… J’ai vraiment très envie de t’embrasser là, maintenant.
– Alors fais le.
– Woah. J’ai l’impression de n’avoir jamais oublié cette sensation. Même ton haleine de cigarette m’avait manqué.
– Aha ! Ta main dans ma nuque quand tu m’embrasses m’a manqué. Toujours un peu possesseur.
– Hum, désolé pour ce que tu sens au niveau de ton ventre. Je hum, ne contrôle pas vraiment ça.
– Depuis quand tu t’excuses d’avoir du désir toi ?
– Probablement depuis que tu n’es plus là pour le recevoir. C’est… très intense en tout cas.
– L’intensité c’est ce qui fait qu’on se sent vivant. Tu as envie de te sentir vivant cette nuit ? Avec moi ?
– Plus que tout au monde oui. Ton regard me bouleverse tellement…
– Alors viens s’il te plaît. Viens contre moi, viens sur moi, viens en moi.
– Putain… jamais j’aurai pu oublier la douceur de tes seins… J’ai toujours trouvé qu’ils étaient faits pour mes mains.
– Tes mains sont faites pour mon corps en entier. Regardes comme il réagit, sens comme il vibre.
– Touche moi s’il te plait, je veux sentir tes mains sur moi. Tes mains sur mon désir.
– Je me sens un peu bête que mes mains tremblent autant sur toi. Mais … ton corps est si beau. J’avais presque oublié que tu es si … imposant.
– Viens, allonge-toi, j’ai pas envie qu’on reste debout. J’ai envie de te sentir sous moi, que tu t’accroches à moi avec tes cuisses. »

@lamoustachedeladame

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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