Les nanas badass’: Agnocide

Nous les rencontrons depuis notre puberté, ils ou elles connaissent nos corps, nos habitudes, parfois nos petits secrets… Ils et elles prennent soin du sexe féminin depuis des décennies, ou plus ? Oui, en tant que femmes, les gynécologues font partie de nos vies. Aujourd’hui masculin ou féminin, le choix de notre gentil.le docteur.e de l’appareil génital nous appartient. Mais il fut une époque où seuls les hommes pratiquaient cette médecine (ça nous étonne?). Si c’est seulement au XVIème siècle que l’obstétrique a commencé à faire l’objet d’une science, l’histoire mentionne la présence d’une femme-médecin au IVème siècle avant notre ère. Considérée comme la première femme gynécologue, je vous invite à découvrir l’histoire d’Agnodice !

Agnodice

Agnocide est une jeune athénienne « de la haute ». Souhaitant tout particulièrement étudier la médecine, discipline alors réservée aux citoyens masculins, c’est soutenue par son père qu’elle décide de se travestir pour poursuivre ses ambitions. Elle se coupe les cheveux, et raccourcit sa tunique pour la porter plus haute, à la manière des athéniens. Aux yeux de tous, elle devient le jeune Miltiade, et étudie auprès du célèbre médecin Hérophile.

En 350 avant notre ère, elle est reçue première à l’examen de médecine. Toujours sous couverture, notre Wonder Woman de l’Antiquité se consacre particulièrement aux maladies féminines et aux accouchements. Peut-être révélait-elle discrètement sa vraie nature à ses patientes pour gagner leur confiance ? En effet, les femmes préféraient se faire accoucher par des parentes ou voisines plutôt que d’appeler des médecins. Malheureusement, cela leur valait souvent de mauvais soins.

Toujours est-il que les malades affluents chez Miltiade, et sa réputation grandissante lui vaut les foudres des plus jaloux. Bientôt, ses concurrents l’accusent de profiter de son métier pour séduire et corrompre les femmes mariées. Ces gros malins la traduisent en justice et Miltiade comparait devant l’aéropage (tribunal athénien). Forcée de révéler son secret, notre gynécologue des temps anciens avoue tout devant ses concitoyens. Miltiade est blanchi, mais Agnocide est huée et accusée d’avoir violé la loi !

La reconnaissance des femmes qu’elle a pu soigner jusqu’alors se montre de taille : toutes se réunirent devant le temple pour prendre sa défense. Certaines clament même que si Agnocide doit être exécutée, elles la rejoindraient dans son supplice. Sous la pression de la foule, les magistrats acquittent la jeune femme, qui put continuer d’exercer. L’année suivante, le conseil athénien modifie sa législation et permet aux femmes d’étudier la médecine.

Concrètement, pourquoi est-ce qu’on l’aime?

Contournant les règles et n’hésitant pas à se travestir pour façonner son destin, Agnocide poursuit ses ambitions envers et contre tous pour aider les femmes d’Athènes. Et elles le lui ont bien rendu ! En outre, son dévouement pour son métier et les femmes ont mené les athéniens à changer leurs lois pour permettre aux femmes d’étudier et d’exercer.

Le grec Hyginus relate son destin dans le chapitre 274 de ses Fabulae. Si son existence est encore discutée, elle est tout de même reconnue comme première gynécologue de l’histoire.

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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