Bref rappel de la situation professionnelle et financière des femmes en quelques dates clés :
- Ce n’est qu’en 1881 que la loi autorisera enfin les femmes à ouvrir un livret d’épargne en toute autonomie. Sans le consentement d’un mari ou d’un père pour y accéder. Mais dont l’aval restera nécessaire jusqu’à 1895 pour effectuer des versements et des retraits en toute autonomie.
- En 1907, une autre révolution se produit : les femmes obtiennent le droit de disposer de leur salaire comme elles l’entendent.
- 1946 : Le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines est inscrit dans le préambule de la Constitution : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». L’arrêté du 30 juillet supprime la notion de » salaire féminin ». En 2016 l’écart de rémunération était de 15,2% aujourd’hui il est de 16,5%. L’écart se creuse davantage et reste un véritable enjeu économique mondial. Chaque année à partir du 03 novembre et jusqu’à la fin de l’année les femmes travaillent gratuitement. Le collectif Les Glorieuses a d’ailleurs créé le mot-dièse #3Novembre9h22 pour alerter sur ces inégalités.
- Ce n’est que le 13 Juillet 1965 soit 84 ans après la première loi visant à accorder plus de liberté aux femmes que le Parlement vote une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari. Malheureusement les femmes mariées devaient présenter une autorisation maritale pour ouvrir un compte. Ou même signer un contrat de travail bien qu’elles soient à 40% sur le marché du travail. Par contre, pour les femmes célibataires ou veuves, il n’y avait aucune contrainte pour ouvrir un compte ou pour travailler. Car elles avaient la même liberté que les hommes. À savoir : occuper un emploi et bénéficier de son salaire sans l’aval d’un tiers. Seules les femmes célibataires ou veuves n’occupaient pas la même place sociale, la veuve avait un avantage de taille, car ayant été une épouse et potentiellement une mère de famille son statut d’un point de vue extérieur ne faisait pas peur. La célibataire au contraire menaçait l’ordre social établi.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Alors que les femmes sont nombreuses à avoir accès, et à réussir dans les études supérieures. L’ascension professionnelle et l’indépendance financière à égalité avec leurs homologues masculins restent encore très compliqués. Plusieurs marqueurs sociaux et inégalitaires expliquent la difficulté à atteindre la pleine autonomie qui sont présents dès le choix des filières éducatives. Les choix de métiers sont encore genrés. Les métiers du soin (dans le médical ou le social), sont majoritairement occupés par des femmes.
À elles l’empathie et la prise en charge d’autrui et bien que durant la crise sanitaire, on a applaudi et remercié ces métiers du soin pourtant essentiel dans notre société, ils gardent toujours une rémunération extrêmement dévalorisante. Le marqueur d’ambition est aussi peu représenté auprès des femmes. L’ambition ayant dans la croyance populaire une connotation négative quand il s’agit des femmes : égoïste, dent qui raye le parquet, prête à tout pour réussir quand l’ambition au masculin est synonyme de confiance en soi, d’affirmation, et de réussite.
Néanmoins, les femmes sont tout aussi intéressées que leurs collègues masculins à gagner en statut, en autorité et en salaire.
Ce qui les différencie, c’est la manière dont leurs aspirations sont reçues. Enfin, le choix entre vie professionnel et personnel reste un frein dans la carrière d’une femme. Des droits ont été gagnés ces dernières années et même si elles ne sont plus remisées dans un rôle de mère de famille, l’égalité n’est toujours pas atteinte et cela réduit les ambitions de carrière des femmes. L’annonce d’une grossesse dans une entreprise, et davantage sur un poste à responsabilités, peut-être mal accueillie. Parfois cela peut mettre une carrière entre parenthèse entre le congé maternité et la reprise des fonctions. Et plus encore si un congé parental est pris. Bien que le congé paternité a été rallongé d’une durée totale de 25 jours depuis le 01 juillet 2021, il n’est pas obligatoire et reste peu mis en pris pratique.
Des solutions ?
Depuis 2019 a été mis en place un dispositif obligatoire pour toutes les entreprises de plus de 50 salariés qui devront avoir publié leur index d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ces données devront être publiées tous les ans à la même date : le 01 mars de chaque année. Pour les plus petites, l’obligation de publier l’index date seulement de 2020.
Le défi à relever n’est pas toujours simple, car les PME n’ont généralement pas de DRH et doivent donc faire avec les moyens du bord pour relever des indicateurs. C’est pourquoi, l’état a mis en place près de 450 formations à travers la France à destination des patrons de PME pour mieux calculer les indicateurs et les sensibiliser à la parité et à l’égalité salariale. Chaque entreprise à travers la publication se heurte à la possibilité d’avoir une amende à hauteur de 1% de sa masse salariale. Cela soulève d’autres questions :
Sommes-nous obligés de jouer aux gendarmes pour que la loi soit enfin respectée ?
N’est-ce pas un peu trop simple de permettre aux entreprises récalcitrantes de passer à la caisse pour avoir la paix ? C’est un pas en avant de la part des politiques publiques. Mais il reste un long chemin à parcourir pour atteindre l’égalité.
Aujourd’hui le combat des militant.es et des activistes politiques est toujours aussi soutenu. Porté aujourd’hui par plusieurs figures de la classe politique, artistique et par des millions de jeunes tout genre confondu. La nouvelle génération porte encore plus en avant ce discours d’égalité et de parité. L’éveil des consciences et la place du débat depuis le mouvement metoo à marqué un tournant dans le combat pour les droits des femmes.
Pour finir quelques mots très justes de la merveilleuse Simone Veil :