Combien de personnes dans une relation établie assimilent « relation sexuelle régulière et preuve d’amour » ?
Il suffit de faire un tour rapide sur internet pour constater la multitude d’articles nous invitant / donnant des conseils pour « pimenter » notre vie sexuelle. Que ce soit en utilisant des accessoires, des jeux de rôles, voire en utilisant des stimulants sexuels. Le sentiment qui va s’en dégager est un sentiment de culpabilité, il en ressort une injonction sociale à avoir des relations sexuelles régulières, car cela serait finalement la preuve de la bonne santé et de l’épanouissement d’une relation amoureuse.
Est-ce qu’il est vrai d’affirmer que, parce que nous n’avons pas de relation sexuelle régulière avec notre partenaire, cela signifie forcément que nous n’avons plus d’amour pour cette personne ?
Ne confondons pas amour et coït. D’ailleurs, qu’est-ce qu’on entend par régulière ? Une norme sociale qui va tout miser sur la quantité, trois fois par semaine, tous les jours ?
Une étude britannique démontre que le désir des femmes diminue dès la première année d’une relation. Le sujet est encore tabou, il y a cette idée que les femmes doivent être disponible pour des rapports sexuels réguliers, et combien osent en parler autour d’elle, à ses amis ou à son/sa partenaire ? Souvent, la peur du jugement est plus forte, on culpabilise dans son coin, en se demandant ce qui ne va pas chez nous, on va consulter des spécialistes, acheter des stimulants chimiques ou naturels, lire sur le sujet, ect.
Et si nous prenions le temps de comprendre d’où viennent ces injonctions, prendre du recul et se distancier de tout cela ?
Par exemple, sortir d’idées bien ancrées, de confusions, comme de voir le rapport sexuel uniquement comme un rapport pénétré / pénétrant (« Sortir du trou, lever la tête« , Maia Mazaurette), perpétuer le mythe qui nous pousse à croire que le sexe est un besoin vital et naturel. Alors que ce n’est qu’un énième diktat du patriarcat (Alexandre Lacrois « Apprendre à faire l’amour« ).
Et si la libido faisait partie d’un tout ?
Un tout lié en premier à l’écoute de soi, se reconnecter à son désir d’un point de vue général / plus global, ce qui nous procure du plaisir au quotidien, une odeur, un tissu, une musique, être aligné.e avec ses choix de vie.
Arrêtons de mettre le désir d’autrui avant le sien, nous avons tellement été habitué.es à se percevoir comme des objets, un corps, « il faut se faire objet » comme disait Simone de Beauvoir, on va chercher à plaire avant même de s’écouter, se demander ce dont nous avons besoin / envie.
Et si on essayait de se libérer de tout cela, éviter de se rajouter une énième charge mentale, que ce soit pour les personnes qui ne veulent plus du tout avoir de relation ou celles qui désirent déconstruire et aborder ce sujet autrement, se laisser le temps, se décomplexer, si nous n’avons pas de désir, nous ne sommes pas « différent » ou « anormal » et si le désir monte alors saisissons-le, profitons-en avec chaque parcelle de notre corps.
Pour aller plus loin – « Désirer à tout prix » Tal Madesta ; « La charge sexuelle » Clémentine Gallot.
