L’HISTOIRE DES SEXTOYS : MYTHES ET HYPOTHÈSES

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Dans notre culture où changer de voiture tous les 5 ans, de téléphone tous les 2 ans sont valorisés, comment ne pas succomber à l’envie irrémédiable de renouveler et d’améliorer constamment notre sexualité, en passant notamment par des accessoires en tout genre. On avait déjà parlé de l’évolution des sextoys : histoire critique des objets de plaisir. Mais comme cela vous a plu, on rentre un peu plus dans le détails. Dans cette série d’article, vous retrouverez la première partie ici. Nous retracerons plus précisément l’histoire des sextoys (en déconstruisant certaines théories). Pour comprendre comment nous sommes arrivé.e.s aujourd’hui à cette vague déferlante de sextoys dans nos commodes (ou celles de nos ami.e.s).

Écrit par Louise Briot – sexothérapeute (À Marseille ou en distanciel)

2ème partie – Entre répressions religieuses et guérisons miraculeuses, l’évolution de l’utilisation des sextoys du Moyen Âge au XVIIIe siècle

« Jeannette fouille dans une petite armoire dont sa maîtresse vient de lui donner la clef ; elle tire un godemiché recouvert de velours qui aurait, sans exagération, six pouces de diamètres sur dix de long » 

Charles Pigault de L’Epinoy vers 18001

Dans la première partie nous avons fait un tour des premiers sextoys de l’histoire, en occident du moins, les problématiques concernant l’accès aux sources se retrouvent encore sur cette période. Très peu sont remontées jusqu’à nous concernant les objets de plaisir. Surtout pendant la période du Moyen Âge, un peu plus pour ce qui est de la Renaissance. Ainsi, concernant le Moyen Âge, nous traiterons un aspect plus global de la sexualité. Mais ne vous inquiétez pas on parlera quand même de sextoys !
Qu’iels soient connus pour leurs écrits érotiques ou qu’iels soient oublié·e·s par nos contemporains, les auteur·ice·s – de cette longue période traitée ici – s’en donnent à cœur joie lorsqu’iels mentionnent l’utilisation des sextoys. Sade ou encore Mirabeau2, pour les plus connus, des abbés, aussi surprenant que cela puisse paraître, jusqu’aux pamphlets anonymes. Iels ont tous utilisé le godemiché pour pimenter leurs intentions, aussi différentes soient-elles.

LA RELIGION RÉPRIMANDE LA SEXUALITE

À l’orée du Moyen Âge, la chrétienté en occident prend une place de plus en plus forte. L’autorité de l’Église devient le nouveau code de conduite. Voulant contraster avec la période antique, synonyme – à tort – de débauche, la morale prend le pas. L’idée étant d’interdire, ou du moins de réprimer à l’extrême, les désirs charnels.

Hans Baldung, News years greeting with the three witches, 1514, Albertina Museum Vienna

LE MOYEN ÂGE, UNE PÉRIODE DÉPOURVUE DE SEXE ?

La luxure, classée comme l’un des 7 péchés capitaux, fera partie des plus grands combats de l’Église et de la morale. Entre autres, c’est la femme qui est condamnée comme responsable du Mal – et du mâle (?) – (Eve, le jardin et le serpent ; Tout ça, tout ça). Son corps, alors objet même de tous les désirs, devient le temple de la débauche en étant lui-même condamné3.

La croyance d’un désir profane se répand, les femmes qui en avaient trop – je ne pense sincèrement pas que cela faisait mention de personnes atteintes d’hypersexualité, mais ayant simplement une libido – devenaient logiquement des sorcières.

TU AS DU DÉSIR : TU ES UNE SORCIÈRE

Le diable, voilà comment justifier le désir chez les femmes.

C’est après un pacte avec le diable leur conférant une variété de pouvoir, qu’elles s’adonnent alors à toutes sortes de plaisir pour l’honorer. Et bien sûr, pour se reproduire avec lui… (Oui parce que la femme était toujours considérée comme un réceptacle vivant)4.

Ce n’est pas pour rien si aujourd’hui le diable à une connotation presque salutaire, notamment face à nos désirs5. La vision de l’enfer – ou du diable – que se font certaines personnes (principalement hors de la religion) rejoint plutôt une vision positive. Qui n’a pas entendu quelqu’un dire : « je préfère aller en enfer parce qu’on s’amuse plus qu’au paradis [les coincés dans l’idée] ! ». En parallèle de l’iconographie monstrueuse qu’on lui attribue, de nos jours, il est plutôt représenté en homme blanc, séduisant, d’une quarantaine d’année (la fleur de l’âge des hommes)6. Bien ancré selon la norme hétérosexuelle et la suprématie blanche.

Alors pendant que le diable se tape sa meilleure version de lui-même, les femmes sont tuées. La sombre période de la chasse aux sorcières, dont on en ressent encore aujourd’hui les répercussions7, débute vers le XIIIe siècle, l’inquisition perdurera jusqu’au XVe siècle.

LE SEXE AU CŒUR DES PROCÈS DE SORCELERIE

De nombreuses rumeurs folkloriques circulaient sur la manière dont les femmes/sorcières pouvaient transformer les objets du quotidien en outils de plaisir. Puis voler dans les airs pour accomplir des rituels orgiaques dans les sabbats (en présence du diable, bien évidemment).  Ce sont les rares mentions de sextoys ou d’objet de plaisir au Moyen Âge, si tenté qu’ils en soient réellement. Accusées de pervertir les couples purs, de pratiquer la sodomie, ou encore d’avoir des relations lesbiennes, elles sont dénoncées comme prodigieuses du mal.

Sorcière nue chevauchant son balais, XIIe siècle, Cathédrale de Schleswig.

Dans des documents datant de 1324, le premier procès de sorcellerie en Irlande contre Lady Alice Kyteler. On y lit la découverte mystifiée des inquisiteurs :

« En fouillant dans l’armoire de la dame, ils y ont trouvé un tube d’onguent, qu’elle utilisait pour graisser un bâton sur lequel elle se juchait et galopait de part et d’autre »8.

Rien ne prouve qu’elle s’en servait pour se masturber, mais les on-dit sont parti de là. L’inquisition avait sûrement en tête avec ce texte de prouver la sorcellerie de la dame, sans forcément parler de sexualité. Mais le terme employé : « se juchait » prête à confusion. Et plutôt que de faire référence à un envol dans le ciel, c’est un autre type de ciel qui vient à l’esprit des lecteur·ice·s. L’envol par l’extase, qui pourrait tout à fait être une métaphore qui sera reprise davantage à la Renaissance.

Par la suite, les références d’actes masturbatoires des sorcières avec leurs balais comme sextoys se retrouvent assez souvent dans les écrits du Moyen Âge. 

Le fameux onguent diabolique décrit comme un « onguent de vol » fabriqué à partir de différentes plantes comme l’aconit (ou autres plantes aux vertus soi-disant magiques, en réalité mortelle pour la plupart) et d’huile de chanvre. Les sorcières devaient s’en enduire le corps – pour les sabbats – par surinterprétation, on a donné à ces onguents la fonction de lubrifiant : « [qu’elles] absorbaient par le vagin à l’aide d’un godemiché spécial […] Il s’agissait du “balai” grâce auquel on disait que ces femmes se déplaçaient »9.

FAITES PLACE A LA FEMME PARFAITE : PURE, DEPOURVUE DE SEXUALITE

LE MYHTE DE LA MADONE ET DE LA PUTAIN

Subvertir l’ordre chrétien, tel était le rôle admis du diable et des sorcières à l’opposé de la figure modèle et maternelle de la Vierge Marie.

En incarnant ce rôle la femme peut alors être considérée comme pure – voire sacrée10 – grâce à la procréation légitime, réalisée dans le cadre du mariage, et dans la seule position autorisée et considérée comme naturelle par l’Église : le missionnaire (position davantage passive pour la femme, ne demandant pas de frasques sexuelles).

                S’oppose alors deux visions de la femme qui résonnent et impactent encore fortement nos vies. Celui de la salope et celui de la mère. La sexualité d’accord, mais seulement si c’est fait dans les règles de l’art de l’Église (pour la procréation). Si c’est dans le seul but de ressentir du plaisir, c’est une sorcière/salope.

Les actes contre nature eux sont très peu tolérés et pour la plupart réprimandés. Tels que la contraception, la masturbation, les rapports buccaux génitaux, la sodomie, l’homosexualité et la zoophilie11. On a retrouvé de nombreuses condamnations – dont beaucoup de sorcières – allant jusqu’à la condamnation à mort pour avoir pratiqué une sexualité non autorisée…

Plus on avance dans le Moyen Âge, plus les réformes qui se succèdent deviennent liberticides.

Le durcissement de l’inquisition et des peines fait que les hérétiques se retrouvent en danger. Voilà pourquoi nous avons cette vision austère du Moyen Âge – outre un certain style architectural – : le sexe était tabou. Cela ne vient pas des mœurs, mais bien de la politique religieuse et répressive qui gouvernait, et contrôlait les mentalités. Après qui sait ce qui se faisait dans l’intimité ?

C’est justement quelques siècles plus tard, entre le XVIe et XVIIe siècle, en opposition à ce mouvement liberticide que se forme en France et en Italie, le Libertinisme, pour s’affranchir12 de toutes ces règles et persécutions.

ET LES SEXTOYS DANS TOUT çA ?

Petit saut dans le temps jusqu’au XVIe siècle

LES SEXTOYS AU COUVENT

Si vous avez lu la première partie, l’utilisation d’objets sexuels – alors appelés olisboi – existe depuis 3000 av. J-C en Grèce antique. Malgré les interdits, on ne doute pas que certain∙e∙s ayant eu l’occasion d’avoir l’un de ses objets en main s’en soit donné à cœur joie. Mais iels ont dû faire preuve d’extrêmes précautions pour ne pas être dénoncé∙e∙s et condamné∙e∙s.

Encore une fois, les sources concernant les jouets sexuels sont peu nombreuses. On en retrouve quelques-unes dans la littérature érotique libertine. Donc attention à ne pas les prendre au pied de la lettre. Ces récits étant à la fois un moyen de libérer une frustration et d’illustrer quelques pratiques sporadiques.

QUAND LES NONNES SE FONT PLAISIR, FANTASME OU REALITÉ ?

L’abbé Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793) ironise sur la piété des nonnes, qui s’adonnaient au plaisir solitaire quand elles n’étaient pas en compagnie de leurs amants. Dans la Chandelle d’Arras, poème héroï-comique en XVIII chants (1765), il imagine un :

« cierge sacré, envoyé par le ciel pour guérir toute maladie et qui finit dans un couvent pour servir de godemiché pour les ébats lesbiens des nonnes ».

C’est un texte fantasmagorique certes, mais qui pourrait représenter une certaine réalité. Les vocations forcées dans le domaine de la religion sont régulières chez les femmes, souvent enfermées contre leur gré dans des couvents. Parce qu’elles gênaient les intérêts de leur famille. Pourquoi ne pas imaginer alors que les pratiques décrites dans les textes érotiques religieux soient plus qu’une littérature de défoulement de frustration sexuelle, mais bien une possibilité13 ?

   LE PERSONNAGE PRINCIPAL : GODEMICHÉ

Dans ce livre, au titre plus que révélateur de son contenu :  Histoire merveilleuse et édifiante de Godemiché (1763, Abbé Dulaurens) on y lit :

« À peine Godemiché eut-il rempli de son onction la mère abbesse, qu’il s’envola sous le jupon d’un jeune novice […] comme un papillon volage, ou comme un Français, voltigea de nonne en nonne, les combla de plaisir ».

Le godemiché est personnifié. Il est un protagoniste à part entière du récit, ici, il a une naissance, une vie et une mort.

À la manière de l’abbé Dulaurens un autre texte cite cette personnification. Dans le Livre des pourquoi, Antonio Vignale (1501-1559) décrit l’apparition d’un ange qui prophétise à un ermite que son « vit » (sa bite, quoi) grandira et s’émancipera. Le vit se transforme alors en godemiché, passant de main en main (ou de vulve en vulve plutôt) à une veuve et un couvent jusqu’à la fameuse Lucrèce (ou Lucrezia) Borgia14.

Au XVIe siècle, dans un document du tribunal de Dieppe, un fabricant de godemichés en os et en ivoire répond au juge lui demandant qui pourrait bien acheter ses objets :

« Ledit Duval fit répondre que c’était des religieuses, et qu’il n’en faisait que de commande et que les gens étaient différents pour les longueurs et les grosseurs »15.

Ce qui peut répondre aux esprits les plus sceptiques quant à la véracité de l’utilisation des godemichés par les religieuses. Et puis, il y a quelque chose de beau finalement, on pensait au bien être des utilisateur∙ice∙s en appliquant du sur-mesure.

Ces marchands qu’on appellerait communément aujourd’hui des sexshops ou boutiques aphrodisiaques16 existent depuis le XVIe siècle en Occident.

Manuel d’éducation pour les jeunes filles

Les sextoys godemichés : une visée éducative ?

À la renaissance les mœurs des « esprits libres » (libertins) s’étiolent et gagne de plus en plus d’adeptes, grâce à la littérature érotique. L’intention première est de contrer la sévérité religieuse en prônant une réforme de la vie amoureuse : le plaisir étant pour elleux un don naturel et sain.

Ainsi, bon nombre de livres, textes et récits érotiques sont édités et passés sous le manteau, ayant pour vocation d’exciter, mais aussi d’éduquer. D’abord les hommes pour qu’ils éduquent à leur tour les femmes – cela va sans dire qu’elles n’avaient pas accès aux mêmes écrits qu’eux – dans l’optique de « s’améliorer ». En connaissant leurs corps et leurs plaisirs, elles sont alors beaucoup plus disposées à satisfaire leurs maris (ou amants), et même si dans ces textes il y a une grande place sur le saphisme (l’homosexualité lesbienne de l’époque), je doute qu’il ne soit présent dans l’intention de prôner une réelle émancipation de la femme et de son plaisir, mais seulement dans le but d’exciter le lectorat principalement masculin. Laissons tout de même le doute, j’espère que certaines de ces femmes s’en sont retrouvées délivrées.

LE GODE SUBSTITUT DE LA VERGE ?

Les godemichés ne sont pas seulement des objets de plaisir, mais semblent être destinés à remplacer l’absence du contact humain, traduction : – société hétéronormée oblige – l’homme et sa verge.

Il est très courant de voir cette allusion dans les textes libertins. Et pour encore plus d’artifices dans l’optique de pallier à l’absence du sexe masculin, on retrouve quelque chose qui pourrait nous surprendre aujourd’hui, mais qui rejoint tout à fait cette notion de remplacement. Certains godes étaient creux pour contenir un liquide en substitut de sperme : « On le fit d’abord chamois, quelque temps après de velours, et les siècles perfectionnèrent tellement l’instrument qu’on introduisit dans son sein un petit réservoir de lait chaud qu’un piston artistement construit élance avec vigueur dans le séjour constant de plaisirs »17 ; ou pour éviter le contact froid de l’objet « cela causait plus de chatouillement que la nature elle-même »18

Même Mirabeau (1749-1791) en décrit un avec une précision extrême dans Le Rideau Levé ou L’Education de Laure (1786) :

« Entièrement en argent, il était recouvert d’un espèce de vernis lisse et dur de couleur chair. Au demeurant, il était léger, mince de parois et creux. Au milieu de la cavité centrale passait un tube cylindrique du même métal à peu près deux fois plus gros qu’une plume d’oie et contenant un piston. À l’une de ses extrémités, forcée et soudée au bout du gland, le tube se fermait par une vis. Autour de cette petite seringue, à l’intérieur du cylindre extérieur imitant le membre se trouvait donc un espace vide. À la racine de l’instrument, un morceau de liège en forme d’anneau fermait le cylindre et laissait passer en son milieu le talon de la petite seringue. Autour de la tige du piston se trouvait un ressort en spirale qui actionnait le piston par sa détente »19.

Au regard de comment la sexualité était considérée – servant exclusivement la procréation et se terminant donc par l’éjaculation masculine20 – ça n’est pas étonnant que certains de ces godes eurent cette fonction. De la même manière que le godemiché devient une personne à part entière. Il s’agirait toujours d’associer le gode à la personne absente et pas à un objet de plaisir en tant que tel.

Cela pourrait être une piste de réflexion transgénérationnelle du pourquoi certains hommes se sentent aujourd’hui menacés de leurs utilités face aux sextoys ?

ILS SONT BEAUX, ILS SONT GROS, ILS SONT FRAIS MES SEXTOYS

Dans l’Académie des dames (1680), de Nicolas Chorier, le frontispice : une gravure de Romeyn de Hooghe, représente une boutique où sont exposés une multitude de godemichés sur des établis, étagères et autres présentoirs où une clientèle exclusivement féminine arrive en trombe, pressée d’être servie. Les deux héroïnes Ottavia et Tullia font aussi mention d’un double godemiché qu’elles utiliseront plus tard : « Tullia : Les Milésiennes se fabriquaient en cuir des simulacres long de huit pouces et gros à proportion. Aristophane nous apprend que les femmes de son temps avaient coutume de s’en servir. Aujourd’hui même encore, chez les italiennes, les Espagnoles, et même chez les asiatiques de notre sexe, cet instrument tient la place d’honneur dans la toilette féminine ; c’est le meuble le plus précieux ; il coute fort cher »21.

La célèbre tenancière d’une maison close parisienne, Marguerite Gourdan (1727-1783), faisait justement commerce de ces godes, de toutes formes et matières, qu’elle baptisa des « consolateurs ». On retrouve encore cet aspect de substitut de chair de pénis. À sa mort, quand on découvrit la liste de ses client∙e∙s, cela fit scandale. On y retrouva d’ailleurs un très grand nombre de religieuses.

Frontispice par Romeyn de Hooghe, de L’Académie des dames, de Nicolas Chorier, 1680.

Bien évidemment, la pratique libérée de la sexualité n’est pas à la portée de tout le monde.

Dépendant autant du rang social que du genre, elle se réalise surtout cachée de la vue de son voisin. Le tout est de donner l’illusion de la pureté : « Abandonne-toi au plaisir, observe Tullia, mais sois en apparence vertueuse, et tu n’en seras pas moins considérée par tous comme honnête […] Tout le monde joue la comédie »22.

Dans « Le godmiché royal » pamphlet anonyme, ayant pour but de discréditer Marie-Antoinette et la famille royale, Junon (alias Héra pour les Grec) utilise le fameux sextoy pour patienter le temps que sa servante Hébée revienne.

« Ombre foible d’un vit, mais pourtant salutaire,

Heureuse invention qu’on foit au monastère,

A mon con enflammé vous plaisez à bon droit,

Encore valez-vous mieux que le bout de mon doigt. »

Pour conclure

La sexualité sera toujours une source de plaisir, mais pas que. Elle peut desservir et être utilisée comme une arme. Que ce soit par des violences sexuelles, dans un pamphlet pour discréditer un∙e souverain∙e ou comme diffamation dans un procès de sorcellerie. Si l’utilisation des sextoys n’est pas encore l’usage courant, c’est pour se protéger de potentielles accusations. La plupart des auteurs cités dans cet article – ou mentionnant une sexualité libre – ont écopés de peines plus au moins violentes (sanctions, prison, jusqu’à la condamnation à mort) pour seulement avoir écrit ces récits. Imaginez alors les condamnations que pouvaient recevoir les personnes pratiquant un acte masturbatoire avec un objet.

Voilà pourquoi nous n’avons que très peu de sources concrètes, mis à part ces récits. Celleux qui se servaient d’objets sexuels devaient être extrêmement discrets, et fermer à triple tour leur table de chevet.

Dans le prochain article, nous progresserons dans le temps et dans la technicité, les sextoys recevant de plus en plus d’amélioration. D’abord dans un but médical, puis de bien-être. Médical oui vous avez bien lu.

En attendant, vous pouvez me retrouvez sur les réseaux sociaux ou pour des séances individuelles ou collectives (à Marseille et en visio).

À bientôt.

Article rédigé par Louise Briot

[1] Vincent Vidal, Sextoys story, Editions ALTERNATIVES, 2008, p.20.

[2] Mirabeau, Le Rideau levé ou l’Education de Laure, publié anonymement en 1786. Sade, La philosophie dans le boudoir, 1795.  

[3] Il est cité dans la bible que la femme enfantera dans la douleur suite à sa trahison dans le jardin. De nombreux actes de violences et de violences sexuelles seront justifiées à ce titre. La douleur était éponyme du corps de la femme…

[4] Terme utilisé dans l’antiquité, réduisant la femme à n’être qu’un corps contenant un futur enfant.

Alors qu’un rôle majeur de l’appareil génital féminin avait été découvert. (En 1670, c’est Reinier de Graaf qui a fait la découverte des follicules ovariens). Sans aller jusqu’à dire qu’il avait un rôle à proportion égale avec les spermatozoïdes.

[5] Même l’arcane XV du tarot (divinatoire), Le Diable représente l’émancipation, la vie dionysiaque et le fait de briser ses chaînes. Plutôt positif comme aspect.

[6] Cet âge qui a l’inverse annonce le déclin de la désirabilité des femmes… L’exemple le plus évident quant à cette représentation du diable n’est autre que le protagoniste principal, à savoir le diable, dans la série Lucifer, Netflix (2016 – en cours).

Carole Cillec, « C’est prouvé par la Science ! Les hommes deviennent plus sexy avec l’âge et ce n’est pas Georges Clooney qui dira le contraire », Grazia, 25 décembre 2021, [https://www.grazia.fr/hommes/cest-prouve-par-la-science-les-hommes-deviennent-plus-sexy-avec-lage-et-ce-nest-pas-george-clooney-qui-dira-le-contraire-43869.html#item=2]

[7] Mona Chollet, Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Editions La Découverte, 2018.

[8] Kristen J.Sollée, Sorcières, salopes, féministes, Editions Véga, 2020.

[9] Michael Pollan, Botanique du désir : Ces plantes qui nous séduisent, Edition Autrement, 2004.

[10] Une dualité que l’on retrouve très souvent dans la culture judéo-chrétienne, mère ou putain. Les deux seules voies ouvertes aux femmes…

[11] Certaines pratiques condamnables se retrouvent au même titre que d’autres tout à fait « normales » . Comme la zoophilie considérée encore aujourd’hui comme un crime.

[12] Le mot libertin, provient du mot latin libertinus qui signifie affranchi, du participe passé liberare (libérer).

[13] Un autre texte destiné aux confesseurs compilant tous les péchés de chair (des fidèles et des religieux) avec leurs sentences adéquates ne pouvait que s’inspirer de la réalité. Tomas Sanchez (1550-1610) jésuite fut chargé de les rassembler dans ce texte. Alessandro Bertolotti, Curiosa, la bibliothèque érotique, Editions de La Marinière, 2012. p.91.

[14] Ibid. p.100. Le poème se termine sur un dialogue obscène entre elle et son père (Alexandre VI). La légende leur donne des relations incestueuses. Créée notamment par des historiens fantasques qui ont cédé aux rumeurs de l’époque. Lucrezia était une femme très autonome et indépendante pour son époque, ce qui ne plaisait pas. Elle aura donc été victime de ses accusations, dans la volonté de la discréditer elle et son père. Alexandre VI (alias Rodriguo Borgia) avait des mœurs légères certes, mais comme beaucoup de papes de cette époque.

[15] Op. cit., Sextoys story, p.118.

[16] Telle que Lytta boutique (1 rue Saint-Pierre, 13005), nommée ainsi : boutique aphrodisiaque.

[17] Op. cit., Sextoys story, p.96.

[18] Ibid., p.118.

[19] Ibid., p.124.

[20] C’est encore aujourd’hui une problématique, voir la sexualité comme un enchaînement logique de phases : séduction, caresses préliminaires, pénétration, éjaculation.

[21] Nicolas Chorier, L’Académie des dames, 1680. Consultation sur : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1520381d/f9.double

[22]Ibid., p.117.

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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