Oyé oyé braves gens ! Je suis venue vous dévoiler la vérité absolue sur ce mystérieux phénomène appelé “l’éjaculation féminine” ! (ou plutôt éjaculation des personnes à vulves)
Spoiler alert : c’est faux. Et j’en suis réellement navrée. Mais laissez-moi vous raconter une petite histoire…
Il y a peu, j’ai voulu en apprendre plus sur ce magnifique liquide que l’on peut souvent croiser sur certains sites +18 ou dont on parle en fin de soirée arrosée avec des copines :
Je me suis donc mise à la recherche de documents scientifiques, de publications, de statistiques, de livres… Bref, de tout ce que je pouvais trouver sur le sujet. Au cours de cette recherche, je suis tombée sur un livre des Dr. Salama et Desvaux nommé “Femmes fontaines & éjaculation féminine” en pensant que je tenais enfin le Saint Graal entre mes mains et que dans ces 150 pages se trouvaient toutes les réponses à mes questions !
Que nenni !
Voilà ce que j’ai appris : comme on le sait déjà depuis un moment, le sujet du plaisir féminin n’a jamais été la grande préoccupation des chercheurs. Allez savoir pourquoi…
Néanmoins, on retrouve des écrits, des hypothèses et des travaux de recherche sur l’origine de l’éjaculation des personnes à vulves depuis la nuit des temps !
En Inde, on retrouve par exemple des écrits tantriques datant de l’an 5000 avant J-C traitants des sécrétions des organes femelles comme d’un fluide de vie qu’il est recommandé de boire à la source, puisqu’il est “fortement concentré en vitamines, minéraux et hormones bénéfiques”.
Du côté de la Chine, les taoïstes considéraient que l’orgasme des personnes à vulve permettait d’augmenter les sécrétions vaginales “porteuses du principe yin”, l’homme avait donc tout intérêt à faire durer le plaisir afin “d’absorber au mieux l’énergie qu’elle lui dispense largement en retour”. Les deux amants, en échangeant leurs fluides, accroissent leur vitalité en équilibrant leurs énergies yin et yang.
Vous me direz “c’est bien beau tout ça, mais aujourd’hui, on en est ou niveau connaissances scientifiques ?!”
Je vous rassure, on y arrive !
Petit bond dans le temps : parlons de ce bon vieux Ernst Gräfenberg ! Mais si ! C’est celui qui a donné son nom (ou plutôt son initiale) au fameux “point G” ! En effet, en plus d’avoir inventé le stérilet (rien que ça !) ce fût l’un des premiers médecins à identifier cette zone rugueuse située sur la paroi antérieure du vagin et qui serait à l’origine de l’éjaculation. Si ses publications n’ont pas été accueillies à leurs juste valeur à l’époque, on peut affirmer aujourd’hui qu’il a été un pilier de la création de ce que l’on appelle aujourd’hui la sexologie clinique.
Mais cela ne répond pas à la question que tout le monde se pose : est-ce que l’éjaculation des personnes à vulve existe ?
Oui et non. Enfin, c’est un peu plus compliqué que ça !
D’après les travaux du Dr Salama, il existe deux types de sécrétions bien distincts : l’un est nommé “éjaculation féminine”, il est sécrété en petite quantité et peut être blanchâtre et glaireux ; l’autre est déclenché en stimulant le complexe clitoro-urétro-vaginal (anciennement appelé, le “point G”) chez les « femmes fontaines ». On le retrouve en plus grande quantité, il est transparent et inodore. Le premier serait un liquide sécrété par une sorte de prostate, le deuxième serait expulsé par l’urètre et on y retrouverait des traces d’urine.
Et c’est là que les choses se gâtent. En effet, lors de mes multiples recherches, j’ai pu me rendre compte qu’il n’existe aujourd’hui aucun consensus sur le sujet. Les médecins, chercheurs et scientifiques se contredisent, et n’en savent donc toujours pas plus que nous ! En effet, pour qu’une étude scientifique soit validée, il faut en autres qu’elle soit reproductible et qu’elle porte sur un échantillon représentatif de la population.
Or, ce n’est pas le cas ici. Les travaux du Dr Salama, aussi louables que puissent être ses intentions, ne m’ont personnellement pas convaincue. Pourquoi ? Tout simplement parce que son expérience ne repose QUE sur un échantillon de sept femmes qui s’identifient comme “femmes fontaine” et n’a pas été reproduite par des pairs à ma connaissance.
Ce qu’il faut retenir de ces recherches :
Ne croyez pas tout ce que vous entendez et/ou lisez ! Faites-vous vos propres opinions, cherchez des sources fiables, recoupez les informations que vous trouvez, peu importe les origines.
Si je devais résumer mon parcours de recherche en quelques mots, je dirais : Intéressant, mais décevant ! Intéressant parce que j’ai quand même appris beaucoup de choses, notamment sur l’histoire de la recherche sur le plaisir des personnes à vulve. Mais décevant parce que je reste, comme vous, sur ma faim.
Nous n’aurons certes pas nos réponses aujourd’hui, mais il y a de l’espoir ! La science avance, et avec elle, les découvertes sur le corps humain !
De mon côté, je continuerai à jouir et à mouiller mes draps occasionnellement sans honte aucune ! Faisons-nous plaisir !
Article rédigé par Florence Denni
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