Dans la série des nanas badass’, nous avons jusqu’ici présenté des femmes ayant vécu avant le XXIe siècle. Mais pourtant des femmes incroyables, à notre époque, ce n’est pas ce qu’il manque. Et aujourd’hui, ça me tenait à cœur de vous présenter l’une d’elle : Odile Fillod. Si son nom n’est pas nécessairement très connu du grand public, vous avez cependant sûrement déjà croisé son travail. En effet, cette chercheuse française est notamment connue pour avoir conçu un modèle du clitoris en 3D.
Odile Fillod
Odile Fillod est née en 1972 à Besançon. Elle est d’abord ingénieure et devient ensuite chercheuse indépendante en sociologie des sciences. Sur son blog Allodoxia, elle s’efforce de mettre en évidence les écarts qu’on peut trouver entre les données factuelles rapportées dans les articles scientifiques et ce qu’en disent les différents médias et intermédiaires culturels. Elle déconstruit ainsi certaines idées reçues et encourage une remise en question critique de la vulgarisation scientifique.
Mais si je souhaitais vous parler d’Odile Fillod aujourd’hui, c’est principalement pour ses travaux sur le clitoris. En 2016, avec l’aide du fab lab de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, elle crée un modèle stylisé et imprimable en 3D du clitoris. Ce dernier est téléchargeable gratuitement sur son site Clit’info, dédié à cet organe. Sur cette plateforme, en plus d’introduire une représentation anatomique du clitoris ludique et accessible, Odile Fillod corrige la désinformation (et l’absence d’information tout court) en apportant une quantité importante de faits scientifiques minutieusement vérifiés et fiables.
Par ce biais, le grand public découvre l’organe bulbo-clitoridien dans son entièreté. Érectile et très fortement innervé, il est le principal moteur de l’orgasme féminin. Il a pour unique fonction le plaisir sexuel. Une partie de l’organe est externe : son gland et le capuchon qui le recouvre partiellement sont situés au-dessus de l’entrée du vagin et de l’urètre. Ce qu’on appelle les piliers (corps caverneux) et les bulbes (corps spongieux) du clitoris sont eux cachés à l’intérieur du corps. Ils entourent les parois du vagin. La jonction de ces deux branches correspond à la zone sensible dans le vagin communément appelée la zone G.
Concrètement, pourquoi est-ce qu’on l’aime ?
Grâce à son remarquable travail d’information et grâce à la mise à disposition de son modèle 3D, Odile Fillod a grandement participé à l’amélioration de la visibilité du clitoris. En analysant les biais sexistes des manuels de SVT, elle remarque que cet organe n’est jamais bien représenté (parfois même totalement absent !). Aujourd’hui, grâce à son travail, plusieurs éditions l’ont ajouté dans leurs manuels. Les professeur.e.s de SVT peuvent désormais utiliser son modèle 3D dans leurs classes.
Concrètement, ce que cela signifie, c’est que les adolescent.e.s (et d’une façon plus générale, le grand public) sont mieux informé.e.s sur le rôle du clitoris dans le plaisir sexuel. Iels peuvent ainsi mieux comprendre comment le stimuler.
La force de ces connaissances est aussi symbolique et permet aussi plus largement d’œuvrer à l’égalité. On a tendance à penser que les femmes n’ont rien entre les jambes, si ce n’est qu’un “trou”, “un manque à combler”. Connaître le clitoris vient donc corriger cette croyance qui veut que le vagin soit l’homologue du pénis. Cela permet de sortir du schéma sexuel qui met les femmes dans une situation passive.
Pour conclure, bien qu’Odile Fillod ne soit pas la première à avoir représenté le clitoris, l’innovation qu’elle a apportée par sa forme aura permis une plus large diffusion des connaissances anatomiques liées à cet organe. En proposant son modèle en accès libre, imprimable en 3D, elle permet une réelle prise en main. Et donc une approche plus significative du clitoris.
Pour en apprendre plus sur ce fabuleux organe, je vous invite à aller consulter notre article à ce sujet. Je vous conseille aussi bien évidemment le blog d’Odile Fillod. Vous pourrez y manipuler un clitoris en 3D de manière interactive. C’est bien pratique pour le commun des mortels qui ne dispose pas d’une imprimante 3D).
Article rédigé par Élise