Coup de foudre amical, c’est comme un coup de foudre amoureux ?
Pas vraiment, car il n’inclut pas l’attirance physique et sexuel (possible) d’une relation amoureuse. Mais il est similaire dans la rencontre, la connexion émotionnelle et intellectuelle quasi immédiate. Cela laisse présager une relation forte et quasi passionnelle. Ce coup de foudre reconnu par les scientifiques durant une enquête menée sur les réactions de notre organisme lors d’une première rencontre sollicite deux zones de notre cerveau : le complexe amygdalien et le cortex cingulaire, qui interagissent. Le premier est responsable de nos émotions et le second stimule notre mémoire autobiographique. En quelques secondes notre cerveau analyse la personne et détermine l’avenir de cette relation amicale. La stabilité attendue alors dans l’amitié a souvent comme référence la stabilité des liens familiaux. Comme une relation solide, mais surtout choisie qui peut faire face aux aléas de la vie, mariage, vie de famille, déménagement. Et qui par sa dimension narcissique, nous renvoie à ce que nous sommes.
Ce lien rare et puisant peut se révéler être aussi avantageux que dangereux.
Les avantages sont nombreux, la rencontre de l’autre que l’on comprend très rapidement. La confiance presque immédiate que l’on peut ressentir et les confidences qui en découlent. Car dans l’épanouissement de l’amitié on cherche quelqu’un à qui confier ses secrets, un.e autre à qui dire sa vérité, atteindre une connaissance de soi et de l’autre. N’en déplaise à Sartre, l’humain n’est pas fait pour être seul(e), être capable de construire et de pérenniser une relation demande de la connaissance, une bonne volonté réciproque et de l’amour.
Amour pour l’autre, mais avant tout pour soi.
Comme dans une relation amoureuse, on ne peut que s’aimer soi-même et pas d’une manière égoïste. Mais d’un amour qu’on a pour soi, qui ensuite découlera de l’amour pour les autres. C’est le fameux « qui aime mal châtie bien » et non « qui aime bien châtie bien ». Car qui aime mal s’empêche de traiter l’autre comme un égal. Et c’est une vérité dans toutes les sphères de la vie. Sans amour, donc sans connaissance de soi et de notre identité, il ne résulte que de la frustration et des relations non épanouissantes.
Il apparait simplet de l’écrire mais, la première activité d’une relation amicale est de parler l’un avec l’autre. Donc, de savoir écouter, d’avoir suffisamment de respect pour laisser la place et le temps à chacun de tricoter une relation de confiance.
Comme toute relation, l’amitié, qu’elle résulte d’un coup de foudre ou non n’est pas exemptée de conflits, de ruptures ou même de rivalité. C’est davantage le cas dans les relations dites « fusionnelles », où fusion peut virer confusion lorsque l’individualité devient une zone d’ombre. Il peut être normal lorsqu’on apprend à connaitre quelqu’un d’avoir de léger changement de comportement. Que ce soit par mimétisme, ou par une envie d’évoluer vers quelque chose de positif. Mais beaucoup moins normal lorsqu’insidieusement on se met à changer l’image de soi pour se rapprocher davantage de l’autre. Ou plus communément, que le duo amical se retrouve mieux à deux, qu’au milieu du monde.
« Seul.e.s contre le monde » en prenant le risque de s’enfermer dans un huis clos, persuadé que personne d’autre ne pourrait vous comprendre.
Ce qui est évidemment faux et vraiment dangereux pour votre bien être. Évidemment, il arrive dans une relation qu’on puisse manquer à ses devoirs où qu’involontairement une parole soit blessante. Mais ce qui doit vous alerter est la répétition des évènements, car la répétition crée l’habitude. Dès lors que les échanges deviennent, oppressants et que le déséquilibre pointe le bout de son nez, que cela vous alerte sur un inconfort ou une emprise, il est temps de faire une pause. Si vous avez l’impression d’être dans une relation à sens unique, que vous devez faire face à des piques et à une conduite passive/agressive, ou alors qu’on exige de vous une disponibilité totale : vous devez impérativement faire une pause dans un premier temps et faire le point sur vous. Vous habituer à des échanges qui deviennent nocif pour vous sous couvert d’amitié de longue date peut nuire à votre épanouissement.
Mais peut aussi dégrader l’image que vous avez de vous-même.
Pour finir je dirai que lorsque l’amitié résulte d’un choix constant, d’un travail à double sens, qui ne permet aucun déséquilibre, la relation devient une très belle aventure de vie. Ces relations façonnent ce que nous sommes et nous apaisent. D’ailleurs selon une étude de l’University of California, les amitiés féminines auraient des effets spécifiques sur le stress. L’étude publiée à l’UCLA indique que les femmes répondent au stress par la production dans le cerveau d’une chaîne de substances chimiques qui nous amènent à sceller et à entretenir des amitiés avec d’autres femmes.
C’est une découverte étonnante qui vient contredire cinq décennies de recherches sur le stress. Pour la plupart limitées à des sujets masculins, évidemment.
Article écrit par Zahra M
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