Aujourd’hui, notre rédacteur a sorti sa plus belle plume pour nous raconter en détail ce qu’il s’est passé la première fois qu’il a vu un film pornographique et son évolution après ça. Accrochez-vous et dites-nous si vous vous reconnaissez ! On attend vos retours, bien confinés à la rédac’ du Cul bordé de Nouilles.
« Mon premier porno : De la dalle visuelle au désir sensationnel – analyse faussement épistémologique. »
« Gagner au loto » – c’est un peu l’effet de ce premier enchaînement audiovisuel (surtout visuel parce que t’as déjà coupé le son). Oui, mon cerveau laisse subodorer à mes neurotransmetteurs que le défilement de telles images est nécessairement bon pour moi. Bon, après, le paradoxe, ce n’était pas prévu. Mais vraiment pas.
T’es là, à un âge où tu devrais dormir, surtout à deux heures du matin. Ouais, toi, t’es là sur ce canapé trop confortable entrain de zapper l’écran de la déchéance intellectuelle à la recherche d’un spasme de dopamine dont tu ignores, à ce moment-là, le fonctionnement même. Et puis, c’est là, envers et contre tous, que tu arrives aux chaînes un peu hot du décodeur.
On parle d’une époque où avoir une adresse en @wanadoo.fr est un luxe.
Douce ironie, tu arrives sur une chaîne qui porte le nom de « Kiosque » et, la scène est sombre, glauque, une sorte de cave, des anneaux et une bonne dizaine de mecs en rut. « Ah, c’est curieux » me dis-je. « Il n’y a que des hommes ». Oui, j’étais en face d’une gigantesque orgie où le phallus était roi et où il n’y avait pas l’ombre d’un con (paradoxal, au niveau sémantique, n’est-ce pas ?)
Absorbé, attiré, sans trop comprendre ce qui m’arrive. Je sens une bosse exploser le pyjama Action Man. Je n’y prête pas attention manuellement mais mentalement, je me dis qu’il y a quelque chose d’étrange au niveau de mon entrejambe. C’est une sensation rare, ce ressenti, cette première montée. Une ascension masculine étrange que l’on ne confond pas avec le baobab matinal ou la poutre du coup de foudre, de foutre. Non, c’était comme les douze coups de minuit, un gong bouddhique, une sorte d’illumination.
Jusqu’à entendre un bruit suspect provenant de la chambre adjacente au salon. Je coupe le décodeur, j’éteins le téléviseur et je cours m’enfuir sur la pointe des pieds dans ma chambre. Je ne le sais pas consciemment, mais inconsciemment, j’ai ressenti sans le vouloir, l’affreuse impression d’avoir violé un interdit, d’avoir outrepassé une frontière.
Les années passent (à peine deux pour être honnête – mais quand on est adolescent, c’est un siècle entier qui s’écoule chaque année). Je découvre, alors, l’énorme avantage d’avoir mon premier ordinateur portable et avec ça, une bonne connexion Wi-Fi. Dieu sait que c’était un plaisir à l’époque de l’ADSL. Quoiqu’il en soit, un nouveau copain rien qu’à moi et me donnant accès à l’horizon des possibles s’inscrit rapidement dans mon patrimoine personnel, mon « jardin secret ».
Il fallait absorber un maximum de données pour commencer à former de complexes schémas analytiques amenant à une équation parfaite. Oui, en effet, je n’ai pas eu l’ombre d’un génie lorsqu’il s’agissait de mathématiques au lycée, par contre en ce qui concerne le porno, j’étais Monsieur Statistiques.
J’ai tout regardé, tout traversé de fond en comble, j’ai découvert des choses qu’on ne soupçonne pas, j’avoue avoir quelques « guilty pleasure » et autres fétiches qui étonneraient le commun des mortels.
Quoiqu’il en soit, les montagnes et les horizons furent charnus et garnis au possible : Trans, bondage, bdsm, deep throat, anal, double, orgy, knifeplay, candle, cuckold et tant d’autres tags qui poseraient plus de problème de politiquement correct si je me permettais de les mettre à l’écrit qu’ils n’évoqueraient d’images.
Les images défilent, les heures aussi, les années avec ça. J’arrive à 27 ans, j’ai une encyclopédie dans la tête, ma vie sexuelle propre et surtout une facilité à naviguer entre toutes les sexualités, tous les corps, toutes les formes d’art, de l’amateurisme le plus complet à la froideur automatisée des plateaux américains et autres gros labels qui font gicler, quand même.
Et puis, il y a une coupure, une rupture, une fin – avec une femme dont j’ai partagé la vie pendant 4 ans. Mon désir disparaît intégralement pendant 8 mois. Ni érections du matin, ni envies de porno, ni aucuns « triggers » pour m’activer. Rien.
C’était le vide.
Même la traversée du désert du Général de Gaulle ou l’Exil de Napoléon avaient le charme des émotions et des sentiments. Non, moi j’étais vide. Une coquille éclatée.
Au bout de 8 mois, j’ai retrouvé ma sexualité de manière un peu saugrenue et imprévue, vraiment par hasard. Un copain, une copine, moi. Une raclette, du vin blanc, un feu de bois. Elle, lui, moi. Vous sentez le rythme ternaire que je viens de vous énoncer ?
Résultat, au coin du feu, la belle était prise des deux côtés. C’était incroyable. Les positions s’enchainèrent, les baisers aussi, les coïts, les soupirs, les caresses, les regards, les bruits, les cris, les odeurs. Le ressenti. C’est ça. Oui, le ressenti. Je venais de renaître dans ma sexualité et le leitmotiv qui soutenu chacune des nombreuses saccades éjaculatoires qui parsemèrent ma nuit, oui, ce leitmotiv, c’était mon ressenti.
Putain. Et le mot est faible. Mais naître une nouvelle fois, dans sa sexualité.
C’est un climax comme rare vous en aurez dans la vie. Sauf peut-être dans un très bon restaurant. C’était réactivé, comme le cœur de lumière et de radiation d’Iron Man. Oui ce truc vibrant qui ne s’explique pas, qui ne se dompte pas mais qui nous anime au plus profond de notre âme. La flamme.
Je déménage à Strasbourg pour mon travail. Je redécouvre les joies d’une connexion internet. Et puis je constate que mes goûts en porno ne sont plus du tous les mêmes. Que je porte plus d’attention à la courbure d’un dos en projetant mes mains pour le caresser plutôt que de me focaliser sur les deux énormes chibres qui se frottent dans le même anus. C’est excitant, certes, mais l’idée de caresser ce dos me fait terriblement plus envie.
Il faudra deux semaines pour que j’écoute des podcasts pornos.
Mon dieu, je retrouvais dans mes oreilles, le bruit des souffles, les respirations, les mouvements. Je ressentais. Et je jouissais à n’en plus finir et à supplier une paralysie ponctuelle pour que j’arrête de me poncer sans limites.
Le constat était là, le constat est là et il sera là encore un bon bout de temps. Il me fallait du ressenti sinon, je n’en voyais plus l’intérêt. Mes habitudes ont d’ailleurs bien changé. Je préfère écouter, lire pour projeter dans mon esprit, mais il faut avouer que l’abonnement premium sur pornhub, c’est du passé (ou dépassé ?)
D’ailleurs si vous avez une expérience olfactive à faire tourner, je veux bien. Mon nez est en manque de saveurs d’antan. Ces baises d’antan qui vous marquent à jamais et qui auront toujours ce goût si particulier dans votre palais, cette odeur si inhabituelle dans vos narines.
Ps: Un immense merci à La moustache de la dame et à Manon des Sources pour avoir illustré cet article ! Allez voir leur travail sur instagram !