ArtoSexe #1 : « Ma Dame Ma Dame, que tu as un grand vagin ! »

Niki de Saint Phalle

On connait tou.te.s ces Nanas pulpeuses et multicolores qui envahissent les boutiques d’art, et inspirent les artistes encore aujourd’hui. Mais sait-on vraiment qui est leur créatrice ?
Niki de Saint Phalle, femme et artiste particulièrement active dès les années 1960, est une des grandes figures du féminisme et de la lutte contre le patriarcat ! Oui mesdames !

Je vous avoue avoir été la première à me lasser de ces sculptures, à ne pas adhérer à leur esthétique… et pourtant !
Pour comprendre rapidement le personnage, Niki est franco-américaine, issue d’une famille bourgeoise et puritaine. À l’âge de 11 ans, elle est victime de viol par son propre père, et souffre de l’éducation genrée (une mère soumise à une figure paternelle dominante) et religieuse qu’on lui impose. Mariée à 18 ans et mère peu de temps après, Niki fait une rude dépression qui va l’ouvrir à l’art…

Niki de Saint Phalle au Stidelijk Museum, Amsterdam, 1967
Photo : Jack de Nijs / Anefo

Hon – en Katedral

C’est précisément son art qui va la libérer de ses douleurs et l’amener à prendre le statut d’artiste et de féministe (c’est ça qu’on veut !). Par exemple, la célébration de nos jolis corps de femme via les Nanas prend encore plus d’ampleur avec Hon – en Katedral (en anglais She – a Cathedral).
C’est là où je voulais en venir. Parce que notre intrépide Niki crée, à l’époque où seuls les hommes faisaient de la sculpture monumentale (autre pas en avant pour les femmes artistes) une gigantesque nana (28 mètres quand même!). Allongée, les jambes écartées, les visiteurs peuvent entrer dans cette grande dame… par son vagin !

Niki de Saint Phalle & Jean Tinguely, Affiche Hon, 1966
© Musée Tinguely , Bâle

À partir de là, le public déambule sur une musique de Jean-Sébastien Bach (Barry White allemand du XVIIIe) dans le corps de la femme. Les jeux et installations à l’intérieur (galerie, aquarium, cinéma, planétarium) font référence à l’érotisme et célèbrent la jouissance féminine (oh oui !).
En 1966, c’est un pas énorme. Un travail sensuel et libérateur de tabous, que Niki a su imposer à l’aube de la libération des mœurs.

Mais encore…?

En d’autres termes, je vous invite à découvrir ses combats à travers ses œuvres…
Parce que Niki est, finalement, une femme pleine d’audace, sensuelle et militante (comme on les aime !).

  • Le projet Hon – en Katedral : ici
  • Les Tirs (1961), une série de performances impressionnantes cathartiques et militantes : l’artiste se met en scène tirant à la carabine sur des poches de peinture… Badass non ?
  • Les Nanas (dès 1960) pour la libération de la femme envers le système patriarcal, lié à son passé de mannequin (oui, Niki était aussi mannequin !).
    Une courte vidéo qui reprend très bien ces deux œuvres, pour mieux comprendre son travail : ici
  • Pour en savoir plus sur l’artiste : http://www.niki-de-saint-phalle.fr/

L'incarnation du magazine, avec sa propre personnalité, ses propres aventures et ses propres récits. Il est libre, ouvert et souvent incorrect. Derrière lui se cache tout.e.s les rédactr.ices.eurs qui ne veulent pas donner leurs identités lors de certaines histoires. Il est la liberté d'être ce qu'on veut à jamais : Épanoui et en train de manger des pâtes !

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